Soleil rouge.
La rébellion des Métis contre les forces gouvernementales canadiennes se solde par la défaite de Batoche en mai 1885. Louis Riel, chef politique des Métis est pendu mais Gabriel Dumont, « fou comme un Français, fort comme un Indien », chef de guerre du soulèvement, réussit à s’enfuir de la ville soumise avec six hommes d’élite. Pour le lieutenant-colonel William Otten, il faut neutraliser Dumont mais comment passer la corde au cou d’un tel homme ? Il lance à ses trousses le redoutable sergent Kenneth Keller de la gendarmerie royale. Guidé par la pisteuse métisse nommée Choléna, épaulé par une poignée d’hommes, Keller s’acharne dans la poursuite d’hommes expérimentés et déterminés qui se dérobent, anticipent et tendent des pièges mortels. Pour les fuyards, le passage de la frontière américaine les mettrait hors de danger.
Le scénariste appuie son histoire sur une solide documentation et des faits réels. Le récit bien construit pose clairement et brièvement le contexte historique et se focalise sur la traque romancée. L’action est soutenue et les retournements de situation, les rebondissements ne sont pas en reste. Le dessinateur bolognais Sergio Tisselli travaille en couleur directe et réalise une succession de tableaux aquarellés, les tracés de contour en noir se diluant, qu’ils soulignent la limite des cases ou les éléments figuratifs. A la beauté formelle des planches lumineuses, on peut craindre une perte d’expressivité mais l’artiste n’ignore rien des codes narratifs et de la finalité de la bédé. Il réalise le tour de force de retrouver une puissance expressive aux encres diluées. Mosquito, installé dans la métropole grenobloise, réalise une fois n’est pas coutume un beau travail éditorial. Leur riche catalogue laisse la part belle aux extraordinaires dessinateurs transalpins renommés (Battaglia, Toppi, Serpieri) et moins connus mais tout aussi fascinants (Roi, Mastantuono, Frisenda) soit de grands bonheurs de lecture à venir.

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