A partir de l'annonce qu'elle entend un soir, à la radio, aux informations de minuit, qu'un bateau de migrants vient de faire naufrage au large de l'île de Lampedusa, naufrage dont elle apprendra un peu plus tard qu'il a fait plus de 350 morts, l'auteur nous entraîne dans le vagabondage de sa pensée qui va d'abord l'amener à penser au film de Visconti, "Le guépard", film tiré du roman homonyme de Guiseppe Tomasi di Lampedusa, film où Burt Lancaster incarne le prince Salina, symbole de l'aristocratie sicilienne alors en plein naufrage à la fin du XIXe siècle. Puis elle nous emmène dans les îles éoliennes : Stromboli, Lipari, Salina (encore) ... Puis, au gré des flash d'infos, on reviendra vers la tragédie de Lampedusa. Puis on repartira vers d'autres îles de la littérature, cette fois, celle de Calypso, celle de Robinson ou encore celle de Jim Hawkins (L'île au Trésor). Ce vagabondage pourrait paraître frivole alors que là-bas on cherche à récupérer les corps des naufragés mais je ne l'ai pas ressenti comme tel. J'ai imaginé que Maylis de Kerangal essayait par ce court récit de tisser une sorte de couronne de fleurs pour la jeter en mer en mémoire des personnes disparues dans ce terrible naufrage. C'est peut-être dérisoire au regard de la catastrophe mais ce sont des gestes importants. Et ici la couronne est faite de mots choisis qui s'agencent superbement.
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