Les espoirs suscités par l'accession à l'indépendance de la République de Djibouti, en 1977 n'ont pas vraiment été concrétisés.
Le régime autocratique aussitôt mis en place a perduré jusqu'à l'aube du XXIème siècle. Dans les années 90, un mouvement d'opposition se manifeste, dont une faction radicale entre en conflit avec le gouvernement.
"Balbala", du nom d'un bidonville djiboutien, s'attarde sur quatre figures de cette rébellion.
Waïs, ex-marathonien, champion national déchu, croupit en prison en raison de sa "conduite à l’égard du pouvoir". Avec sa sœur Anab, le mari de cette dernière -le docteur Yonis-, et le poète Dilleyta, il formait ce que le pouvoir en place surnomma le "quatuor subversif".
"Balbala" est un récit abrupt, non linéaire, dont les nombreuses digressions se fondent au corps central pour constituer un ensemble dense et complexe. Le passé et le présent s'y mêlent sans distinction. De brefs passages déclinés à la première personne du singulier entrecoupent le texte sinon conjugué à la troisième.
Il en résulte une sensation de vertige, mais aussi de confusion, l'auteur brassant les thématiques dans une langue qui semble malmenée.
Il sourd de l'ensemble un profond pessimisme : accumulant les références politiques, historiques et culturelles, Abdourahman A. Waberi fait le macabre état des lieux des maux -d'hier et d'aujourd'hui- qui empêchent non seulement Djibouti mais aussi une bonne partie de l'Afrique, de progresser vers la démocratie et une relative prospérité. Colonialisme, tribalisme et conflits internes, fléaux engendrés par une nature hostile, forment ainsi l'infernale spirale à partir de laquelle "Balbala" émet son cri d'angoisse et de révolte.
En raison de sa complexité, je n'ai malheureusement pas apprécié pleinement ce roman pourtant riche et intense.
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