Lors d'un passage à L'escale du livre, en avril dernier, je me suis attardée au stand des Editions Finitude, maison bordelaise dont j'apprécie l'esthétique des publications, bien que je connaisse assez peu leur contenu. Il est à noter que ses choix éditoriaux ont permis la (re)découverte de Pierre Martinet, ou de la correspondance de Neal Cassidy (dont le premier volume est en attente, à ce jour, dans ma PAL).
C'est de manière complètement spontanée, attirée par son titre énigmatique, et sa couverture à la fois élégante et colorée, que j'y ai acquis ce roman du marseillais Christian Estèbe. Cet amoureux des livres (il a été représentant pour une maison d'édition, bibliothécaire, et libraire itinérant) exprime, au travers de ce court récit, la force de sa passion.
L'épicentre en est la librairie La Chandelle Verte, que tient, à Marseille, Jean Achab (surnommé le Cap'taine...), héritier du côté paternel d'une passion pour Rabelais, et capable de parler des heures de littérature sans jamais ouvrir un livre, préférant vider des verres de Garlaban au bistrot du coin.
Stève intègre l'équipe de la librairie à la suite d'une rupture amoureuse avec une femme dont il a fui la passion dévastatrice et le désir d'enfant. Ce quadragénaire rêve d'être un grand écrivain, mais ne semble avoir qu'un seul talent : celui d'aimer les livres. Ses relations avec les femmes, et le monde en général se soldent immanquablement par des dérobades de sa part, motivées par sa terreur de tout engagement. Il donne même l'impression d'avoir peur de vivre, préférant à la compagnie des êtres celle des personnages de romans. Il se laisse pourtant peu à peu séduire par Emma, jeune femme homosexuelle et toxicomane, nouvelle arrivée dans l'équipe du Cap'taine.
Bien que non exempt de défauts, ce récit m'a permis de passer un moment agréable, au cœur du microcosme de La Chandelle Verte, Cour des Miracles des temps modernes dont les membres noient leur désœuvrement et leurs angoisses existentielles aussi bien dans les livres que dans l'alcool ou l'héroïne...
Truffé de références littéraires, de jeux de mots -malheureusement pas toujours très subtils- évoquant poètes et écrivains, le roman oscille entre fable et tragédie, la fluidité de l'écriture, le ton teinté d'humour et de dérision allégeant la morosité suscitée par le mal-être du personnage principal.
Aussi, malgré une dernière partie où l'intrigue finit par tourner en rond, je suis sortie de cette lecture avec une impression plutôt positive.
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