Après le n° double 42-43 consacré aux chasses de sa majesté des éthers, le faucon pèlerin, La Hulotte poursuit ses fouilles, extrait et enquête sur le mal qui décime les petits rapaces au point de les amener au seuil de l’extinction. La découverte du petit carnet noir de Madame Louise Adélaïde Falco, femelle pèlerin consignant son quotidien lors de la couvaison permet de comprendre l’accumulation des pesticides dans la chaîne alimentaire et la mort dans l’œuf avec quatre scénarios macabres, par stérilisation, mort du poussin à son éclosion, naissance prématurée et létale et enfin altération du comportement des adultes et bris des œufs.
Le maître du grand œuvre, Pierre Déom qui immortalise la faune et la flore dans sa petite encyclopédie des bois et des champs développe son travail sur le faucon pèlerin initié dans le n° 42-43 et le conclut dans le n° double 46-47. Son talent de conteur, de vulgarisateur, de dessinateur est alors au zénith. Les nos qui suivront seront de pures merveilles intriquant science et poésie (le gui, les corbeaux, l’aulne, Docteur Toutou, Charlie Pholcus, etc.). La police de caractère utilisée, la mise en page du texte non alignée au cordeau, l’insertion de courtes bandes dessinées venant briser la linéarité de la lecture et sa charge tragique, la somptuosité des dessins à la plume parfois pleine page confèrent à la brochure un aspect artisanal et un raffinement exceptionnel. Alors que Pierre Déom vide aujourd’hui à la va-vite ses fonds de tiroir et bâcle son travail d’orfèvre si précieux pour les générations futures, on ne peut qu’être pincé au cœur en redécouvrant une œuvre fondamentale, vivante, double de son auteur, par essence inachevable.
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