[Les vieux fourneaux. 2, Bonny and Pierrot | Wilfrid Lupano ; Paul Cauuet]
Un gros paquet de biffetons envoyé par la Poste avec un mot d’accompagnement lapidaire signé Ann Bonny réveille chez Pierre Mayou, dit Pierrot, la nostalgie déchirante d’un amour défunt. Pierrot est persuadé que son grand amour de jeunesse, Anita, qu’il croyait morte après son expulsion de France en Algérie en 1962 et la répression qui s’ensuivit au bled, vient de se manifester à travers son colis piégé. Commence pour Pierrot l’ancien une course effrénée en sur-place, entre rage et état suicidaire, à la recherche d’Anita. Les surprises vont aller bon train et la vérité ne sera pas forcément assimilable, tout au dégoût du jour.
A première lecture, le deuxième volume des « Vieux fourneaux » peut irriter par ses outrances, ses partis pris politiques et sa morale tiers-mondiste. S’en prendre à des ganaches politiques droitières décomplexées peut être réjouissant mais ici la charge tombe à côté, rendant Copé ou Morano presque sympathiques, un comble ! Le spectacle de marionnettes, à la fin de l’album, narrant la transformation d’une île paradisiaque en dépotoir stérile, aussi juste soit-il, semble naïf au regard de la complexité des choses et du monde comme il va, mal. Au deuxième coup d’œil, « Bonny and Pierrot » libère sa véritable charge émotionnelle à partir de menus détails du quotidien où la camaraderie inébranlable ressuscite des vies taraudées par la médiocrité ambiante. Finalement, la bédé s’avère poignante en filigrane, drôle dans la trame, avec un subtil retour en bouche comme un bon vieux pain dans la tronche.
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