D'un côté, Lambert, que sa veuve de mère est parvenue à placer comme garde-chasse au château des Perrières.
De l'autre, son maître, le baron de l'Aubépine, le jeune, qui reprend le château à la mort de son père, avec lequel il était fâché. Le vieux baron n'a en effet jamais pu supporter ce fils malingre et constamment malade. Aubépine le jeune, faible mais caractériel, passait sa frustration d'être dominé par son père puis sa femme -morte, elle aussi- en tabassant les cochons et en hurlant dans les bois.
Bref, un drôle de zigoto... tel est en tous cas l'avis de la domesticité des Perrières, qui ne voit pas revenir d'un bon œil ce fils pas vraiment prodigue. Ce dernier a de plus rapporté de Paris des idées contre nature. Des idées libertaires. Certains sont plus royalistes que le roi, lui est plus révolutionnaire que le peuple. Et dans ces contrées vendéennes du milieu du XIXème siècle, ce pays de chouans, un noble qui aurait voulu tuer des royalistes, ce n'est pas dans l'ordre des choses. C'est même particulièrement suspect, anormal... Peu à peu, cuisinières, valets et femmes de chambre, fidèles à la mémoire du vieux baron, désertent.
Lambert, lui, n'a pas vraiment connu le vieux, et laisse une chance au jeune, malgré ses bizarreries.
Et puis Lambert, il a ses chiens, et on ne laisse pas ses chiens comme on peut laisser des casseroles.
Le jeune baron est quant à lui ravi : pensez donc, il a pour garde-chasse le fils d'un soldat révolutionnaire ! Une étrange relation va ainsi s'établir entre le pragmatique Lambert et son rêveur de maître.
L'arrivée au château de Berthe François, gourgandine parisienne, qui suscite chez Madeleine, l'aînée du couple Lambert, une admiration que son père voit d'un très mauvais œil, va compliquer la donne...
"Ouest" est un roman d'ambiance et de tension. Son intrigue prend racine dans une terre où l'humidité est reine, qui ramollit le sol, génère des odeurs acres, fait lever des brumes opaques. Les événements inquiétants et mystérieux dont le château est le théâtre -les cris poussés dans la nuit, les robes que la femme de Lambert retrouve lacérées...- contribuent par ailleurs à instaurer un climat de suspicion et d'angoisse, qui devient de plus en plus palpable.
François Vallejo nous conte son histoire sur le ton de l'anecdote, s'adressant au lecteur avec une certaine familiarité, évoquant ses personnages avec une bonhommie moqueuse. Le style, qu'il a sans doute voulu en adéquation avec le fond de son récit, a un côté désuet et populaire, très plaisant, donnant l'impression que l'auteur se pose en chroniqueur contemporain des faits qui sont relatés. Les dialogues se fondent dans la narration, sans guillemet ni retour à la ligne, conférant au texte un rythme enlevé, auquel on s'accoutume très vite.
Pour autant, "Ouest" n'est pas un réel coup de cœur. Le roman pâtit parfois de ce qui fait pourtant sa singularité et sa force : l'écriture particulière que l'auteur met au service de son intrigue confine par moments à l'exercice de style, au risque de lasser le lecteur. Mais je n'ai pas trouvé ce défaut assez envahissant pour gâcher vraiment le plaisir de ma lecture.
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