[Eerie et Creepy présentent Bernie Wrightson | Berni Wrightson]
Berni Wrightson, né en 1948, est l’immense dessinateur autodidacte américain qui enchaîna les chefs d’œuvre avec une succession d’histoires horrifiques inoubliables que publièrent dans les années 1970, en France, les revues devenues cultes, Creepy et Eerie. Delirium édite aujourd’hui la panacée délirante née de l’alambic hallucinant d’un ciseleur orfèvre. Wrightson expose son extraordinaire talent à travers de multiples histoires inspirées par Edgar Allan Poe ou Howard Phillips Lovecraft. Sa palette graphique est étendue. Si les volumes sont magnifiquement mis en lumière par des ombres noires et profondes ou par des lavis nuancés, le travail méticuleux des hachures apporte une carnation gothique qu’amplifient encore une mise en page et un cadrage uniques. Le lecteur a l’impression de déchiffrer un grimoire d’alchimiste sous les arcs brisés d’une chapelle effondrée. Berni Wrightson dessine comme un graveur des temps anciens mais ses compositions portent le souffle d’un monde tourmenté, grotesque et tordu. Comme dans une nouvelle de Fredric Brown extraite de « Fantômes et farfafouilles », on ne sait jamais si Berni Wrightson a prévu une chute horrible. La première histoire en douze planches, « Le chat noir » d’Edgar Poe, est sidérante sous la plume et les pinceaux de Wrightson. La fièvre et la folie couve ou explose à chaque case. L’œuvre de Poe trouve une nouvelle dimension phénoménale. Il y aura eu Baudelaire pour le traduire en français et Wrightson pour le dessiner et le donner à voir. La seconde histoire, « Jenifer », travaillé au lavis, sonne comme un récit de l’enfer. Dans une clairière, en forêt, un chasseur découvre un homme prêt à décapiter une femme. Il abat le bourreau et recueille Jenifer nantie d’une face monstrueuse et repoussante dans un corps séduisant. Immédiatement possédé, le sauveur va connaître sa descente aux enfers. L’irruption de la couleur dans « Le monstre de boue » préfigurant le chef d’œuvre « Frankenstein » ne nuit pas au graphisme et au dynamisme de l’ensemble. Le recueil se clôt par une succession de frontispices, poster et couvertures illustrés par Berni Wrightson pour oncle Creepy et cousin Eerie. C’est blanc, noir, éblouissant.
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