Il faut à peine une heure pour lire "C'était hier", mais ce texte possède un charme étrange et vénéneux, capable de vous hanter plusieurs jours durant...
La pièce met en scène trois personnages : Deeley et Kate, mari et femme, reçoivent Anna, une amie de jeunesse -et même la seule amie qu'elle ait jamais eue- que Kate n'a pas vue depuis vingt ans.
La discussion qui s'engage entre les protagonistes provoque d'emblée une vague sensation de malaise. Bien que tous trois soient présents presque tout au long du récit, les dialogues n'engagent jamais que deux d'entre eux à la fois, excluant l'autre. Cet autre est souvent Kate, dont le mari et l'amie parle comme si elle était absente, voire comme si elle était morte, ainsi qu'elle le suggère elle-même...
Au fur et à mesure que se déroulent ces curieux échanges, ils deviennent de plus en plus énigmatiques et troublants. Les tirades se font décalées, presque absurdes, se prêtent à de doubles interprétations à connotation sexuelle.
Il se déroule là un jeu de séduction malsain, gouverné par la volonté de maîtriser tout de l'autre, y compris un passé dont on ne sait quasiment rien, en inventant des souvenirs communs qu'on lui impose.
Mais ce qui domine avant tout dans "C'était hier", c'est cette impression que les dialogues sont vains : la communication y est parasitée par les fantasmes des uns et la détresse des autres. A aucun moment les héros ne semblent vraiment se comprendre, chacun restant retranché dans son exclusive logique, n'acceptant de voir en l'autre que le reflet de ses propres désirs.
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