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[Le Crépuscule d'une idole - L'affabulation freudienne |...]
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Swann




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Posté: Lun 15 Sep 2014 22:05
MessageSujet du message: [Le Crépuscule d'une idole - L'affabulation freudienne |...]
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[Le Crépuscule d'une idole - L'affabulation freudienne | Michel Onfray]

Qui a encore envie de se faire psychanalyser ? Ce n'était déjà pas mon souhait ; désormais, je n'accepterais pas de m'y soumettre pour tout l'or du monde !
Cf. mon avis sur mon blog.

Merci beaucoup à Léogeats qui a décalé sa lecture pour moi !

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]
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apo



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Posté: Mar 16 Sep 2014 17:23
MessageSujet du message:
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Bonjour l'amie,
J'ai lu ta note et en suis resté pantois. Que de haine ! Est-ce la tienne ou celle d'Onfray, je n'ai pas su comprendre... ?
Et, par-delà celle-ci, une autre question me taraude -déjà posée par Elisabeth Roudinesco, j'avoue - : pourquoi n'y a-t-il que la psychanalyse qui ait provoqué, dans maintes et maintes tentatives de déconstruction, une attaque aussi virulente et personnelle (voire privée, voire intime) contre son fondateur ?
On aurait pu s'y attendre aussi, par ex., vis-à-vis du marxisme contre Karl Marx, ou, que sais-je, contre Rousseau, contre Newton, etc. qui n'étaient pas des saints...
Pourtant, même l'Inquisition n'utilisa pas un tel procédé à l'encontre de Giordano Bruno ni de Galilée - à une époque où ce n'eût choqué personne, et contre des personnes qui y prêtaient le flanc.
Cette spécificité ne contient-elle pas déjà un troublant élément de réponse ?

Amitiés, comme toujours.
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Swann




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Posté: Mer 17 Sep 2014 22:24
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De la haine, non, du dégoût. De la colère, aussi, contre ma propre naïveté.
Je n'ai pas personnellement, ni mon entourage, souffert de ces charlatans.
Je ris beaucoup, tu me le pardonneras j'espère, en lisant que tu compares Freud à Marx, Rousseau, Newton... et on finit en fanfare avec Bruno et Galilée... Laughing
Si les différents livres expliquant qu'on a affaire à un dangereux escroc n'ont toujours pas convaincu, je suppose que c'est parce qu'on a envie de continuer à l'honorer et, contre la foi, je ne m'oppose pas.

Quant à la contre-attaque d'Elisabeth Roudinesco, elle est elle-même, au plus haut point, haineuse, personnelle, frappant sous la ceinture, et son délire en dit lui-même beaucoup sur la personne.
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apo



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Posté: Jeu 18 Sep 2014 14:11
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Libre à toi de rire, bien entendu.
Je constate que tu ne réponds pas (mais, le pourrais-tu ?) sur la confusion - qui est peut-être l'imposture épistémologique fondamentale des gens comme Onfray - entre un homme et une théorie qui a indiscutablement provoqué un déplacement de paradigme.
Là réside ma comparaison, que je croyais assez claire dans son énoncé uniquement épistémologique.

En effet, la psychanalyse n'eût-elle provoqué que des dégâts dans la clinique (ce qui est historiquement faux), ce qui serait vraiment hilarant, c'est de revenir à une psychologie anti- ou anté-psychanalytique.

Soudain, j'ai envie de te faire t'esclaffer encore davantage, en suggérant aussi l'analogie avec une biologie non-darwinienne. Mais je sais bien que, vu le nombre et les intentions des gens qui recommencent à s'y atteler, du coup, ça devient bien moins drôle...

PS: Il existe aussi une très belle réflexion sur l'historicisation des attaques contre Freud et/ou la psychanalyse... à méditer.

A part cela, peut-être peux-tu m'épargner ta colère et ton sarcasme (même projectifs), vu que d'honorer, de vénérer, de sanctifier une personne, et plus généralement de nourrir une foi quelconque, cela ne me correspond vraiment pas du tout.
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Swann




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Posté: Jeu 18 Sep 2014 14:45
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« apo » a écrit:
Je constate que tu ne réponds pas (mais, le pourrais-tu ?) sur la confusion - qui est peut-être l'imposture épistémologique fondamentale des gens comme Onfray - entre un homme et une théorie qui a indiscutablement provoqué un déplacement de paradigme.
Là réside ma comparaison, que je croyais assez claire dans son énoncé uniquement épistémologique.

C'était clair, mais la démarche d'Onfray me paraissait tout à fait claire également. Je suis de ceux qui admirent l'oeuvre de Rousseau sans se sentir tenus le moins du monde de ramener son dossier familial sur le tapis ; de ceux qui lisent avec plaisir "Voyage au bout de la nuit" sans s'obliger à soupirer sur l'antisémitisme de l'auteur, etc.
Freud eût-il été pire encore que ce qu'il a pu être (et il a quand même de la marge !), si j'avais cru, après cette lecture, sa théorie quelque peu fondée, j'aurais balayé d'un haussement d'épaules tout ragot privé. Mais si Onfray investigue dans sa vie privée, ce n'est pas du tout, comme tu sembles le croire, par désir de salir une théorie en passant par la personne, mais juste pour prouver que la théorie a été construite d'après la personne. Une seule personne : Freud. Ma note de lecture ne dit pas autre chose.
Tu compares à nouveau Freud et Darwin (l'idée est du premier), et il n'y a absolument aucune comparaison. Quant aux psychothérapeutes, pour ceux que je connais, ils se passent très bien de Freud, d'analyse, de pipi-caca-zizi, ils sont diplômés de l'université, et non pas co-optés ou simplement "analysés".
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apo



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Posté: Jeu 18 Sep 2014 15:45
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Ah ! les psychothérapeutes, nous y voilà !!!
Ils peuvent prétendre se passer de Freud - très bien -, de l'Oedipe, de l'envie du pénis, des stades de la sexualité - formidable... Ils se passent aussi du cadre analytique, parce que sociologiquement et financièrement, ce n'est plus viable - et passe encore, sauf qu'en balayant le cadre, on jette aussi un certain nombre de précautions déontologiques prudentes : alors, pour de vrai, ça risque de tourner mal, comme nous l'enseignent au moins cinq bonnes décennies d'expérience américaine. Mais tout ça, encore une fois, c'est de la clinique, ça m'intéresse moins.

Mais tes thérapeutes diplômés des universités peuvent-ils honnêtement feindre de faire l'impasse sur le paradigme psychanalytique ? Sur le rôle thérapeutique de la parole, par ex., voire sur la centralité du logos dans le psychisme. Sur la primauté, ontologique, de la personne sur la masse, avec ses désirs et ses pulsions et la conflictualité insoluble entre le Sur-moi, le Moi et le Ca. Sur la démarche de la connaissance du soi le plus profond comme moyen d'avancement et de thérapie au sens le plus littéral - s'opposant, soit dit en passant, aux déplorables fins des comportementalistes : l'efficacité sociale et l'individu normé - ?
Possèdent-ils une meilleure explication de la violence que l'irrémédiable Eros et Thanatos ?

S'ils refusent tout ça, ils sont alors hors du paradigme psychanalytique. Et il y en a : mais ce sont les hypnotiseurs, les néo-mesmeriens, et autres comportementalistes. Bon, là, je m'abstiens de tout autre commentaire.

Quant à la question de savoir comment Freud serait-il arrivé à élaborer sa théorie, eh bien, contrairement à Freud lui-même qui tâtonnait, je te dirai assez crument que je m'en fous. Comme d'une fameuse pomme tombée sur une tête célèbre.
Si c'est là l'argument principal d'Onfray, il n'est pas du tout original, car dès les toutes premières années de sa parution, la psychanalyse n'a cessé de se questionner sur ses assises méthodologiques et scientifiques, et je suis convaincu qu'à présent, le positivisme hérité du XIX ayant été si lourdement remis en question (à mon avis grâce aussi, peut-être surtout, au paradigme psychanalytique, mais c'était après la mort de Freud, justement), la question relève plutôt de l'anecdote historique. Là, je crois qu'il faut vraiment écouter Lacan, le Docteur Lacan...

Si par contre on voulait se prendre au jeu d'aller philosophiquement plus loin dans la démarche de "salir une idée en passant par la personne", on serait obligé de voir une sorte de théologie de l'incarnation du verbe, qui serait vraiment drôle sous la plume de l'athée Onfray... Mais pourquoi pas...? Sauf que là, on ne fait plus du tout le procès de Freud.

Enfin, c'est parce que j'avais supposé partager avec toi l'attitude de séparation nous permettant d'apprécier Rousseau et Céline et Aragon et bien d'autres (qui atteint néanmoins chez moi la limite nommé Erri De Luca - mea culpa, magna mea culpa...), que j'ai été plus que stupéfait par ton style, et peut-être, dans le fond des fond, par ce qui m'a semblé être une trop timide prise de distance par rapport à Onfray...
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apo



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Posté: Jeu 18 Sep 2014 15:59
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PS : tu contestes mon analogie entre Darwin et Freud - peut-être parce que ce dernier l'a suggérée.

Pour moi, nier l'inconscient est exactement identique à nier l'évolution.
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le_regent



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Posté: Ven 19 Sep 2014 18:37
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Bonsoir Swann, bonsoir Apo
Votre échange m'a vivement intéressé.
L'idée d'Apo de mettre en balance Freud et Marx me paraît tout à fait pertinente. Chacun d'eux (j'en suis profondément persuadé en ce qui concerne Marx, je crois qu'il en est de même en ce qui concerne Freud) a suscité chez un certain nombre de gens une adhésion d'un caractère quasi religieux, une foi (et vous évoquez tous les deux ce concept). La foi peut tiédir progressivement, mais elle peut aussi muer en une vive hostilité. C'est un peu ainsi que je m'explique ta véhémence à l'encontre de Freud, Swann, dans la mesure où tu dis être furieuse que la psychanalyse ait influencé ton enseignement, maintenant que tu es conduite à la considérer comme une affabulation. T'ai-je bien comprise ?
Pourtant, je ne jetterais pas le bébé avec l'eau du bain. Je n'ai pas lu Onfray, mais je considère que certains concepts psychanalytiques ne sont pas dénués d'intérêt. Celui d'ambivalence, par exemple, qui postule (mais je le vérifie très souvent) que l'attachement ne s'accompagne pas uniquement de forts sentiments positifs, mais aussi de sentiments négatifs. De même celui d'inconscient, mais, je l'avoue, tel que reformulé par le psychologue suisse Jean Piaget qui a commenté ? critiqué ? Freud dans ses œuvres. Ma lecture de Piaget n'est pas beaucoup plus récente que celle de Freud (au moins trois décennies), mais voilà ce qu'il m'en souvient. Prendre conscience, c'est mettre en mots / concepts (dans l'ordre qu'on voudra). L'inconscient est donc ce qui est vécu sans être mis en mots / concepts, ce qui explique par exemple que l'on n'ait pas de souvenirs de ses deux premières années. Me le concèdes-tu ?
Cordialement
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Swann




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Posté: Sam 27 Sep 2014 17:59
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Ce que vous trouvez intéressant chez Freud n'a pas été inventé par lui. Je donne l'exemple de la thérapie par la parole qui a été prônée et pratiquée dans l'Antiquité. D'ailleurs, Freud concédait (à la fin de sa vie, je crois) qu'il n'avait pas inventé la psychanalyse.
Pour l'"invention de l'inconscient", un bête article de wikipédia vous dira que Freud a surfé sur une vague présente depuis le siècle qui l'a précédé ; il n'a fait que broder sa mythologie sur une trame qu'il n'avait pas contribué à découvrir. Je vous laisse le soin de vérifier le reste ou de vous abreuver à une source moins hâtive /controversée.

Pour ma véhémence (mais je n'en reviens pas de porter, moi, la responsabilité de la violence, quand il n'y a pas de mot doux pour désigner un escroc, un affabulateur, etc. trouvez-moi une façon de le dire sans véhémence et j'y souscrirai), elle est d'abord une réaction d'indignation quand je pense à toutes ces vies gâchées au prix fort, comme je penserais aux victimes du Médiator, très exactement. Mais je comprends ton interprétation, Régent, car j'ai aussi écrit - et me voilà obligée de me citer :
Citation:
Je suis quant à moi furieuse d'avoir si bien absorbé la doxa qu'elle est ressortie dans mes cours

J'ai fait confiance, j'ai lu un livre ou même deux de Freud ; il ne m'est pas venu à l'esprit qu'on pourrait nous en nourrir à la Fac sans de bonnes raisons, et je découvre que oui, et que j'ai contribué à mon tour à empoisonner les fontaines, et en pensant à toute une génération que j'ai déformée de mes mains et qui peut avoir envie de me demander des comptes de ma légèreté, j'en suis juste malade.

Quant aux remarques qui ne veulent absolument pas tenir compte de ce que j'ai dit plus haut, je ne m'obligerai pas à remettre sur le métier mon ouvrage : si je n'ai pas été entendue une fois, je ne le serai ni deux fois, ni trois fois ; je ne suis pas non plus l'attachée de presse ou l'avocate d'Onfray, ma note de lecture ne peut se substituer à la lecture de l'ouvrage d'icelui, bien qu'apparemment, la prose roudinesquienne contienne tout l'argumentaire dont on ait besoin pour en penser du mal.
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