L’éclaireur d’Explorator IV, Adam Reith, se crashe à bord de sa vedette spatiale sur Tschaï, une planète « solitaire » appartenant au système 4269 de La Carène, une étoile « sombre et vieillissante », peu de temps après que l’astronef Explorator IV ait été pulvérisé par un missile tiré depuis Tschaï. Immobilisé dans un arbre à 4,50 mètres de hauteur, empêtré dans son harnais et handicapé par des fractures, Reith est à la merci du tout venant et Tschaï en regorge, à commencer par des hommes en maraude. Heureusement, un Homme-Emblème, adolescent arborant le masque du chef de tribu, nommé Traz Onmale, protège Adam Reith et lui permet de reprendre des forces, d’apprendre la langue et l’histoire de Tschaï. Le Terrien n’est qu’un esclave, partageant le quotidien des femmes du clan guère mieux considérées par les mâles dominants. Reith va vite prendre le dessus et gagner ses galons d’Homme-Emblème. Toutefois, son idée fixe consiste à retrouver son vaisseau endommagé que les Chaschs Bleus ont remorqué jusque dans leur cité de Dadiche vieille de vingt mille ans. Quittant précipitamment le clan, Adam Reith et Traz Onmale rencontrent Anacho, un Homme-Dirdir et rejoignent une caravane traversant la dangereuse steppe hantée par des molosses de la nuit, d’antiques cités ruinées que des Phungs déments, aux traits mi-humains, mi-insectoïdes parcourent en quête de proie. Jusqu’à Dadiche, la piste est longue et la cité est quasi inaccessible. Reith va devoir user d’ingéniosité et de courage pour affronter des Chaschs particulièrement sensibles, retors et cruels.
Premier volet d’un cycle de quatre volumes, Le Chasch plante l’exotique décor de Tschaï. Les hommes sont soit chassés soit assujettis aux aliens que sont les Chaschs, les Wankhs, les Dirdirs ou les Pnumes, espèces non humaines, exogènes et antagonistes. Le Terrien veut rentrer au bercail et doit se dépatouiller en comptant sur sa débrouillardise et en usant à bon escient des ressources locales. Si la nostalgie de la Terre assaille Adam Reith au départ, très vite Tschaï le fascine.
La relecture d’un auteur classique, en l’occurrence John Holbrook Vance (28-08-1916/26-05-2013) de son vrai nom, peut s’avérer décevante tant la mémoire magnifie des grands moments de lecture. Ici, il n’en est rien. L’humour de l’auteur y est davantage perceptible. Les descriptions prennent plus de relief ainsi que certains personnages jugés de prime abord accessoires. Anacho devient immédiatement attachant en dépit d’une autosuffisance horripilante. L’œuvre de Jack Vance fascine toujours même si elle peut paraître datée. Adam Reith est un cow-boy de l’espace, prompt à dégainer son pistolet-laser pour faire place nette mais ses idéaux humanistes demeurent constants tout au long de sa quête. La pleine créativité de l’auteur s’exerce entre 1955 et 1975. Bien sûr, il y aura plus tard, le cycle de Lyonesse et Les Chroniques de Cadwal mais les chefs-d’œuvre vanciens ont déjà été écrits à l’instar de Tschaï, d’Emphyrio, de La Geste des princes-démons, des Chroniques de Durdane ou d’Un monde d’azur. La liste n’est pas close et l’envie de replonger dans l’œuvre intégrale titille d’autant qu’une édition s’appuyant sur les manuscrits originaux (« The Vance Integral Edition » abrégé en VIE) est en cours de publication et permettra de s’immerger dans des versions originelles non tronquées. Une vie terrestre ne suffira pas à explorer tous ces mondes baroques et exotiques créés par le génial conteur et bourlingueur que fut Jack Vance.
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