[Fulù. 2, La danse des dieux | Carlos Trillo ; Eduardo Risso]
Balthazar a racheté Fulù, bien décidé à l’exploiter de même que la crédulité des riches colons alentour. Inverti, emperruqué, fine lame, Balthazar se fait maintenant appeler Alonso de la Anunciada, pseudo alchimiste, promettant au gré de ses déambulations et de ses rabatteurs, de vendre la formule changeant le plomb en or. Les clients arrivent, l’un, comte de Cortejona, soucieux de s’enrichir davantage, le second cherchant à guérir la tristesse de sa fille, le troisième, un mulâtre voulant devenir Blanc. Dans la moiteur tropicale, tout pourrait se dérouler selon les plans de Balthazar, l’argent des crédules gonflant avantageusement ses bourses mais Fulù se met à danser et à invoquer les esprits africains. Dans la nuit, les désirs s’aiguisent. Escalona, solide borgne de l’escorte de Balthazar est obnubilé par Fulù ; Aldaba, sœur obèse, perverse et lubrique de Balthazar désire Escalona alors même que l’alchimiste de pacotille a des vues sur Escalona. Dans le triangle charnel qui s’embrase, Fulù, fantasme suprême, demeure la grande absente. Pour elle, il n’y a pas que des fils à tirer mais aussi des lames à percer. La tragédie battant son plein, il ne reste plus à Fulù qu’à fuir dans le marigot, à la recherche de l’amour et de la liberté, précieux états semblant sans cesse se dérober.
Second épisode des aventures baroques de Fulù qui culmine avec l’exacerbation des instincts charnels de la troupe de l’alchimiste, le récit emboîte ensuite un déroulement plus conventionnel en dépit des outrances d’Aldaba, femme grotesque qu’on croirait extraite d’un rêve fellinien. Les auteurs argentins Carlos Trillo et Eduardo Risso s’entendent remarquablement bien pour emmener le lecteur dans le cloaque moite des jungles tropicales dans le sillage entêtant de la vierge noire Fulù. Le format et les couleurs des éditions Glénat rehaussent un graphisme expressif et envoûtant.
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