Toriano, chef apache belliqueux, hausse son prestige à mesure que les pillages et massacres de colons qu’il orchestre croissent. Leur terreur accroît son emprise sur les esprits rebelles de ses hommes et ses succès décident de jeunes Apaches à quitter la réserve où ils sont parqués. L’armée est impuissante face à des guerriers farouches pratiquant la guérilla dans un milieu hostile qu’ils maîtrisent. Le colonel fait appel aux services de Walter Grein, éclaireur au service de l’armée qui connaît les Apaches et le terrain. Pour mener à bien sa mission consistant à neutraliser Toriano afin de rompre la spirale infernale de la violence et des meurtres, Grein s’adjoint les compétences de son ami, Rebel Mackinnon, « un grand rouquin d’une quarantaine d’années », de James Eagle, éclaireur apache acculturé, diplômé de l’Université indienne de Carlisle, élégant et séduisant, de l’Apache Dutchy, l’« éclaireur indien le plus célèbre de tous l’Ouest » et de Sans-Pareil, excellent palefrenier, muet, nain et difforme, avec un « visage chiffonné, des yeux globuleux d’un vert trouble et d’un cou tordu ». Grein, l’« Apache blanc », est contraint par Busby, l’émissaire gouvernemental, de respecter les Indiens qui ne seraient que de « sales gosses » à « protéger contre leur gré ». Le colonel finit par imposer la présence du lieutenant Atwell dans l’expédition. L’affaire s’engage mal pour Grein affublé d’un militaire soupçonneux et d’une mission non officielle. La traque s’avère bien plus délicate et difficile que prévue avec des trahisons à la clé. Une deuxième expédition sera nécessaire à laquelle s’ajouteront Renard Noir, un Hopi et deux Apaches, Boze et Mitch. Le désert est caniculaire. Les privations en eau et en nourriture, les tensions, les fatigues accumulées épuisent la petite troupe menée par Grein et Dutchy alors que les rebelles se dérobent sans cesse. La confrontation aura bien lieu mais elle coûtera très cher.
L’écrivain et scénariste américain William Riley Burnett (1899-1982) est davantage connu en France pour ses romans noirs (« The Asphalt Jungle », [Quand la ville dort], 1950, mis en scène par John Huston) que pour ses westerns alors que ses satisfactions littéraires concernent davantage ce genre aujourd’hui désuet que ressuscite momentanément Actes Sud. « Adobe Walls » est un titre bien plus évocateur que sa traduction française « Terreur apache » ne serait-ce que parce que le narrateur, Walter Grein, voit disparaître, à la toute fin de l’histoire, la femme qu’il aime derrière une maison en adobe c’est-à-dire une construction en brique de terre sèche. L’expression maintenant galvaudée de western crépusculaire définit bien l’ambiance du roman où les Apaches pourchassés ne sont plus que des fantômes. Une des forces du livre tient dans la sécheresse de ton de l’auteur qui s’accorde bien avec l’environnement semi-aride des régions américaines du Sud-ouest. Nulle fioriture dans le langage employé mais par ricochet aucun lyrisme n’embrase les mesas et les déserts dans l’imaginaire du lecteur. Si les personnages peuvent paraître caricaturaux, il n’en dégage pas moins une réelle présence. Grein ne tire pas la couverture à lui seul. Il est difficile d’oublier les Apaches entamant leur chant de mort. Un autre aspect étonnant du roman consiste à esquisser la mentalité apache où le meurtre, le mensonge et le vol constituent la panacée. La confrontation entre une vision idéalisée et pragmatique donne de la force et de la crédibilité au récit. Les Apaches (« Ennemi », en langue zuni) étaient des pilleurs et des assassins auprès des cultivateurs Pueblos (Anasazis, Hopis) vivant dans des villages en adobe. Combattant les colons espagnols puis les Mexicains et enfin les colons américains, ils n’ont jamais abdiqué. Marcheurs infatigables, guerriers impitoyables, ils avaient une connaissance intime du désert et savaient en tirer partie afin d’y survivre en toutes circonstances. Leur milieu les a façonné en Spartiates et comme l’énonce avec une admiration à peine contenue W. R. Burnett dans sa postface : « Soyons reconnaissants qu’il n’y eut jamais plus de six mille Apaches. S’ils avaient été deux cent mille, ils auraient chassé tous les Blancs du Sud-ouest, y compris la cavalerie régulière ».
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