[Millenium. 2, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, 1re partie | Sylvain Runberg ; Man]
Le scénariste Sylvain Runberg a travaillé d’arrache-pied pour adapter et actualiser (en vain) la trilogie de Stieg Larsson ; les volumes ont un rythme de parution serré. Déjà le troisième tome en deux ans et la première partie en bédé du second roman à l’improbable titre, « La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette ». Le dessinateur Jose Homs a laissé la main à Man (pseudonyme de Manolo Carrot). Il faut bien admettre que le graphisme n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Les visages caricaturaux ressemblent à ceux des poupées modernes, petites bouches boudeuses, yeux étirés à l’extrême. Pauvre Lisbeth Salander déjà bien accablée par le sort ! Le romancier suédois ne lui a rien épargné. Dans son second opus, probablement le moins réussi de sa trilogie, Stieg Larsson fait en sorte que tous les soupçons liés aux meurtres d’un couple enquêtant sur un réseau de prostitution retombent sur les frêles épaules de la géniale hackeuse gothique. SuperBlomkvist ne croit pas en la culpabilité de Lisbeth et il va s’ingénier à la défendre d’autant que le journaliste free-lance et sa femme criminologue sauvagement assassinés travaillaient pour le journal Millenium.
Le lecteur le mieux armé peut légitimement se fatiguer à la lecture d’un troisième volume dessiné en marge d’une trilogie pourtant exceptionnelle. Le découpage de l’histoire est tel qu’une personne non avertie peut s’y perdre. Une nouvelle fois le scénariste appauvrit le roman originel alors même que le dessinateur n’arrive pas à redresser la barre en dépit d’un découpage dynamique et réussi. Les moments d’anthologie du roman ne sont pas repris, notamment le pugilat à mort entre le boxeur Paolo Roberto et le géant blond à la voix fluette, fils de Zala, l’énigmatique et redouté chef du réseau de prostitution des femmes de l’Est. Dans les coulisses, tous les vieux retors ronronnent, prêts au décollage, de maître Bjurman, tuteur taré à Peter Teleborian, pédopsychiatre pervers. L’étau va comprimer Lisbeth avec « Tout le Mal » en coulisse.
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