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[Et quelquefois j'ai comme une grande idée | Ken Kesey]
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ingannmic



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Posté: Dim 02 Mar 2014 11:31
MessageSujet du message: [Et quelquefois j'ai comme une grande idée | Ken Kesey]
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Lorsque, en mars, vous avez lu deux monstres tels que "Confiteor" et "Et quelquefois, j'ai comme une grande idée", vous pouvez déjà considérer que votre année littéraire aura été fructueuse...

C'est bien involontairement que j'ai lu le roman de Ken Kesey quelques semaines seulement après celui de Jaume Cabré, et je ne m'attendais pas à ce que ces textes aient comme point commun cette narration qui brasse plusieurs voix à la fois, alternant le "je" et le "il", procédé qui nécessite dans un premier temps un petit effort d'adaptation, mais qui leur confère un souffle et une densité extraordinaires.
Dans le roman de Kesey, le "je" peut porter la voix de différents personnages, qui s'expriment successivement, sans repère pour nous signaler le changement de narrateur, hormis la logique de l'intrigue.

En ce qui concerne, en revanche, l'histoire et le contexte, les deux récits diffèrent.

Avec "Et quelquefois, j'ai comme une grande idée", nous rejoignons les forêts humides et séculaires de l'Oregon. Tellement humides que vous en attrapez des mycoses, de l'asthme, et que pour y survivre, il vous faudra devenir, à l'image de Hank Stamper, aussi sec et noueux que ces arbres qu'il met à terre pour faire tourner la scierie familiale. La maison des Stamper est d'ailleurs la seule à avoir résisté à la rivière Wakonda Auga, s'obstinant à dresser son allure hétéroclite et décrépite sur des berges que les crues et les marées grignotent peu à peu. Un entêtement à l'image de ses rustres occupants...

La première scène du roman est à la fois épique, sordide, et grandiose : un bras humain, dont le majeur est dressé, surplombe la Wakonda, suspendu à partir d'une fenêtre de la vieille bicoque, message sans équivoque adressé à ceux qui, depuis l'autre rive, observe la scène.
Il faut dire que les Stamper sont en guerre. Elle leur a été déclarée par les autres bucherons locaux, qui sont en grève contre la WP (Wakonda Pacific), et qui ne tolèrent pas que les Stamper, à contre courant de leur mouvement, aient signé un contrat avec la compagnie à laquelle ils se sont engagés à livrer quelques tonnes de stères avant Thanksgiving. Ils sont comme ça les Stamper. Pragmatiques, individualistes, opiniâtres, ne craignant ni dieu ni personne, ne voulant rien devoir à quiconque.

Pour comprendre comment la situation a à ce point dégénéré, le récit fait un bond quelques semaines en arrière...
Henry, l'irascible doyen du clan s'étant blessé, les Stamper n'ont plus qu'une solution pour honorer dans les délais la commande passée par la WP : faire appel à Leland, le plus jeune fils de Henry qui a quitté la région douze ans auparavant, emmené par sa jeune mère sous prétexte que la fragilité et la sensibilité du garçon, ainsi que ses facilités scolaires, nécessitait d'aller vivre à New-York. Et c'est de New York que Leland entreprend un long voyage en car vers son Oregon natal, affaibli par une tentative de suicide ratée et en proie à d'étranges hallucinations provoquée par l'ingestion de diverses substances illicites.

Son retour est motivé par une haine farouche envers son frère Hank, dont l'assurance et le courage l'ont toujours ramené à son statut de cadet lâche et faible, médiocre et insignifiant. Leland a vécu son enfance dans l'ombre de son aîné, et il obsédé par le désir de fissurer cette constante maîtrise de soi qu'il affiche en toutes occasions.

C'est à un voyage au cœur de l’Amérique profonde -dans les deux sens du terme- que nous convie Ken Kesey, un voyage tumultueux, porté par une langue qui vous ravit au point que vous n'avez qu'une envie, une fois votre lecture terminée : recommencer !
"Et quelquefois, j'ai comme une grande idée" vous imprègne littéralement. La prégnance d'un environnement naturel omniprésent, la diversité de ses héros, dont nous colonisons tour à tour les pensées, par le truchement de cette narration à voix multiples évoquée ci-dessus (et qui alterne ainsi truculence et poésie), le rythme lent et profond imposé par l'auteur, font de la lecture de ce roman une expérience jouissive.

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