Et voici Dieu, puis Gabriel, Moïse, Jésus, etc. et puis vint Winshluss, la Bible aux pinces, un rictus de circonstance au bec, décidé à croquer le livre des livres mais l’œuvre est coriace. Elle a traversé les siècles et fait tant gloser les pauvres cervelles humaines qu’elle semble intouchable avec un cœur inviolable. Robert Crumb n’a fait que l’illustrer ; Winshluss la parodie mais sa puissance de feu ressemble à une pétoire mouillée. La Genèse débute normalement le recueil de bédé et il faut bien admettre que le propos et le dessin sont faibles. L’auteur reprend du poil de la bête lorsqu’il s’attaque au premier homme, à Eve et au serpent tentateur. Le sacrifice d’Abraham qui s’ensuit, d’un « SHLACK » tranchant, déclenche un uppercut dans la mâchoire du lecteur, à l’instant où Abraham se tourne vers le nuage duquel Dieu a décampé, confus, laissant l’homme désespérément seul avec ses interrogations métaphysiques. Dieu est facétieux et Winshluss tente d’être drôle. L’arrivée de Jésus ne change pas la maldonne. Même le pauvre gars floué via les réseaux asociaux et dépouillé par un pseudo-Dieu se voulant son ami, le running gag qui s’ensuit avec son arrivée aux portes du paradis comme devant une boîte de nuit hermétiquement et définitivement close pour les losers, face à Saint-Pierre représenté en Black bodybuildé, ne fait pas sourire. Seule la fin du recueil rehausse légèrement le ton avec une armée casquée de Walking Dead, ressuscitée par un Jésus destroy. La dernière planche, « Adam et Dave » est une totale réussite, mordante et pénétrante à souhait.
Enfin, bon Dieu, qu’est-il arrivé à notre bon père Winshluss ? Quel démon l’a piqué ? Lui naguère si corrosif, si hilarant avec un dessin se suffisant à lui-même, sans aucun texte à l’appui, qu’il est peu drôle et fade ! Maintenant, il ne faut pas se tromper et crier haro sur un auteur qui a livré des œuvres superbes. On pouvait juste imaginer une trajectoire toujours ascendante alors que le moteur de la fusée vient d’avoir un raté.
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