Voilà bien un roman dont la lecture peut diviser..
Il me semble qu'une conversation autour d'une table serait plus facile.. Un dîner par exemple? Peut être que l'on finirait par s'envoyer les assiettes à la figure, mais, d'après la description assez savoureuse, si je puis dire, de leur contenu, au moins on ne se ferait pas grand mal.
Ce qui m'a dérangée. Très peu, et pas du tout le style , reproché dans certaines critiques lues ( qu'a-t-il de si mauvais???). Ni la construction, théâtrale, c'est vrai, on pense à Carnage de Yasmina Reza.
D'abord le lieu de rendez-vous. Je n'arrive pas à concevoir que ces gens qui n'ont rien de bête , et qui doivent impérativement rester discrets,se donnent rendez-vous dans un restau branchouille pour discuter de sujets aussi graves ..Et la pathologie psychotique de ce Paul qui quelque part l'excuse.. Des traits de caractère associés à une éducation très permissive et les valorisant peuvent se transmettre , il me semble. Et surtout, peut être, le fait que Paul ne nous raconte jamais ( à part son éviction du système éducatif) quelles ont été les conséquences de ses raptus, car il y en a forcément eu.
Mais ce n'est pas très important.
"
Je sais encore ce que j'avais parfaitement à l'esprit: je voulais préserver l'apparence de la normalité."
Ce mot de " normalité" apparait plusieurs fois dans ce livre. Et ce n'est pas pour rien. J'y associerais le mot limites, frontières.
Car chacun, chaque lecteur , a , intimement bien sûr, une notion très personnelle de ce qu'est la "normalité". Et où se situent ses propres limites du moins dans le cadre de l'histoire telle qu'elle est racontée.
J'ai aimé ce roman parce qu'il nous renvoie toujours à nos propres limites. Par exemple, dans les propos de Paul sur l'éducation, les Néerlandais en France , la peine de mort,etc, où sont les limites entre le non politiquement correct assez jubilatoire et le nauséabond? Difficile...Et sa violence physique est toujours déclenchée par quelque chose que l'on peut comprendre, on s'attaque à son fils!
Quant à Claire, la mère.. bien sûr qu'il est tout à fait " normal" de peser les conséquences sur l'avenir de ces garçons d'une attitude ou une autre. Tout ce qu'elle dit peut se discuter. Jusqu'à un moment où elle devient absolument terrifiante. Là est la limite. Mais chacun la sienne.
Bref, il y aurait des pages à écrire sur ce roman plein d'ambiguïtés et de questions auxquelles il est très difficile de répondre.
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