La guerre russo-japonaise (1904-1905) bat son plein aux confins de l’empire russe et les cadavres s’empilent de part et d’autre. Les déserteurs russes sont pourchassés à l’exemple de Kritov mais les Japonais traquent toute soldatesque ennemie quelle qu’elle soit. L’escouade menée par Volodia Tarnovski est anéantie et l’officier survivant est fait prisonnier avec le fuyard Kritov. Les deux détenus devront pactiser s’ils veulent réussir leur fuite. L’officier renoncera à ses anciennes valeurs afin d’épouser le mouvement révolutionnaire en marche. A Saint-Petersbourg, Sophaletta, vendue au bordel, fait la soubrette en attendant la vente aux enchères de son pucelage par la mère maquerelle à face de crapaud. Ailleurs, les villageois galvanisés par le jeune Milko ont décidé de se faire justice après les crimes horribles imputables au moine pervers Rotislav Danilovtich, lâché in extremis par la comtesse Dora Vassilievna qui craint une révolte sur ses terres et une mise à mal de sa personne.
Bâtie sur plusieurs fronts, l’histoire se déroule et s’enchâsse entre différents récits sans perdre de sa cohérence et de sa lisibilité. L’action est bien présente et les temps morts quasi absents. Une saga de sang, de larmes et de sexe s’ébauche. Les péripéties au bordel sont anecdotiques et le dépucelage de Sophaletta, pour odieux qu’il soit, n’a guère d’intérêt. La trame romanesque est bien moins convaincante que le fond historique documenté. L’histoire russe préfigure les conflits majeurs à venir. Elle est en soi captivante.

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