Cette relecture à une trentaine d'années d'intervalle m'a profondément déçu : désolé pour les fans mais je trouve que Sartre écrit mal. Ses tournures de phrases sont toujours les mêmes, notamment il use et abuse du schéma : "s'il est vrai que (...), il reste que (...)". Tout est est toujours très péremptoire chez lui : on assiste ici à une démonstration pesante et d'un intérêt très limité. Pour moi c'est un bon exemple de ce qu'il ne faut pas faire en matière de Mémoires.

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Sartre abonde dans ton sens dans cet ouvrage même :

"Il est vrai que je ne suis pas doué pour écrire ; on me l'a fait savoir, on m'a traité de fort en thème : j'en suis un ; mes livres sentent la sueur et la peine, j'admets qu'ils puent au nez de nos aristocrates ; je les ai souvent faits contre moi, ce qui veut dire contre tous (...)."

Ne t'offusque pas pour "aristocrates"... je suppose qu'il veut parler des gens qui écrivent facilement, avec aisance, contrairement à lui.

Swann, tu fais bien de le souligner, Sartre reconnait - ou fait semblant de reconnaitre - qu'il n'est pas "doué pour écrire". Si cet aveu était vraiment sincère, il n'utiliserait pas cette phrase typiquement d'autodéfense "j'admets qu'ils puent au nez de nos aristocrates". Je ne trouve pas personnellement que ses livres "sentent la sueur et la peine". Je trouve au contraire qu'il ecrit au fil de l'eau, il ne se relit pas, ne biffe pas, ne rature pas - en tout cas pas assez. Avec la moitié des phrases des "Mots", on pourrait faire un très bon livre, ou du moins les deux premiers chapitres d'un très bon livre.
A comparer avec "Le premier homme" de Camus, hélas inachevé. Là, aucune phrase n'est en trop.