Robert Frost (1874-1963) est le grand poète américain de la première moitié du vingtième siècle, tour à tour encensé et négligé. Il ne s’appuie pas sur la modernité du monde mais ancre son œuvre dans la campagne américaine. Ses poèmes sont d’apparence simple mais à la lecture, ils vibrent et murmurent, ouvrant des espaces insoupçonnés entre la pulpe du monde et la chair des hommes. Ils jouent tels les haïkus japonais, sur l’éloquence du non-dit ou de l’indicible chuchoté. La chute ou plutôt l’ouverture du poème se fait souvent sur le dernier vers. Il faut plaindre le traducteur qui sait la perte entre la langue originelle et celle de substitution et il en résulte « nécessairement un poème différent plutôt qu’un calque de l’original ». Les mots choisis par Robert Frost sont fragiles, pleins d’échos assourdis, transparents dans leur nudité. Le choix de textes qui suit la présentation faite par Roger Asselineau donne un aperçu d’une œuvre peu traduite en français. C’est un vrai bonheur : « Le ciel ne ménage ces aperçus qu’à ceux/Qui ne pourront jamais s’approcher pour mieux voir » ou encore : « Le sol était à nous avant qu’il ne nous possède ».
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]