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[Le loup des steppes | Herman Hesse]
Auteur    Message
Orchidoclaste



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Posté: Mer 01 Mai 2013 22:02
MessageSujet du message: [Le loup des steppes | Herman Hesse]
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Le loup des steppes, c'est l'histoire d'un homme solitaire tiraillé entre sa tranquillité et l'envie de se mêler au Monde pour goûter aux plaisirs de la vie.

Hesse manie la langue française comme un orfèvre et bien que l'histoire ne m'ait pas toujours tenue en haleine, j'ai apprécié le travail d'artiste, l'écriture fluide, élégante, soignée.

Des passages fabuleux avec de nombreux imparfaits du subjonctif Cool

"Où que je jetasse mes regards, où que j'envoyasse mes pensées, nulle part ne m'attendait un plaisir, nulle part un appel, nulle part une tentation [...]" (p58)

"A minuit, je n'avais encore trouvé personne, et, bien que je n'eusse pas encore dansé, j'avais chaud, la tête me tournait, je me laissai tomber sur un siège." (p162)

Petite leçon de vie d'Hermine à Harry, le "loup des steppes":

"Tu avais en toi une image de la vie, une croyance, une exigence, tu étais prêt à des exploits, des souffrances, des sacrifices; et puis, peu à peu, tu remarquas que le monde n'exigeait rien de toi aucun exploit et aucun sacrifice, que la vie n'est pas une épopée héroïque avec des rôles en vedette, mais une cuisine bourgeoise, où l'on se contente de boire et de manger, de prendre un café, de tricoter des bas, de jouer aux cartes et d'écouter la T.S.F. Et celui qui veut et qui a en lui autre chose: l'héroïque, le beau, l'adoration des grands poètes, la piété pour les saints, n'est qu'un imbécile et un Don Quichotte." (p146)

Sur l'homme "moderne":

"L'homme "moderne" appelle cela sentimentalité; il n'aime plus les objets, pas même ce qu'il a de plus sacré, son automobile qu'il espère échanger au plus tôt contre une meilleure marque. Cet homme moderne est chic, solide, sain, souple et froid, un type formidable qui fera magnifiquement ses preuves à la prochaine guerre." (p158)

Description magnifique page 202:

"A cet instant, plein d'une attente anxieuse, je vis venir la jeune fille, rêveuse et solitaire; elle montait le sentier sans m'avoir encore aperçu. Ses cheveux étaient sagement nattés et épinglés en chignon, mais de longues mèches lui battaient les joues et ondoyaient dans le vent.Je voyais, pour la première fois de ma vie, combien cette jeune fille était belle, comme le jeu du vent dans ses doux cheveux était féérique, comme les plis tombants de sa légère robe bleue moulant le jeune corps éveillaient le désir; et, de même que le goût âcre et pimenté du bourgeon mâché m'avait saturé de toute la volupté suave, de toute la douce angoisse du printemps, la vue de cette jeune fille me pénétrait du pressentiment mortel de l'amour, de l'attente de la femme, de la divination bouleversante de promesses et de possibilités inouïes, de félicités indicibles, d'enchevêtrements, d'angoisse et de souffrances inimaginables, de délivrance ineffable et d'inexorable péché."

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Auteur    Message
C-Maupin




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Posté: Jeu 02 Mai 2013 7:18
MessageSujet du message:
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Je crois que Hesse écrivait en allemand.
J'ai fait une recherche sur la toile et il me semble bien que la dernière traduction est d'Alexandra Cade.

A part ça, j'ai également beaucoup aimé ce roman, bien que je l'aie trouvé d'un abord plus difficile que "Narcisse et Goldmund" ou "Siddhartha".

Moi aussi, j'apprécie l'emploi des imparfaits du subjonctif et suis toujours choquée par l'utilisation de présents du subjonctif dans des phrases au passé.
L'argument usuel est d'éviter les finales lourdes en "sse", mais alors que l'on m'explique pourquoi préférer :
"Il fallait qu'il finisse" (présent incorrect) à "il fallait qu'il finît" (imparfait du subjonctif et forme correcte)
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Auteur    Message
Orchidoclaste



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Posté: Jeu 02 Mai 2013 15:09
MessageSujet du message:
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Entièrement d'accord avec toi.

La formule correcte est tellement plus douce à entendre Very Happy
_________________
"L'homme a besoin de ce qu'il y a de pire en lui pour parvenir à ce qu'il a de meilleur"
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Auteur    Message
apo



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Posté: Jeu 02 Mai 2013 16:48
MessageSujet du message:
Répondre en citant

La dernière phrase de la note de lecture suivante : http://www.buzz-litteraire.com/post/2010/06/28/1642-le-loup-des-steppes-d-herman-hesse
donne, par l'exemple, des éclaircissements très intéressants sur les décisions traductologiques d'Alexandra Cade. Sans lire l'allemand, j'ai tendance à les approuver a priori.
En ce qui concerne l'imparfait du subjonctif, tout en me dispensant d'exprimer mes propres goûts et préférences (qui n'auraient éventuellement d'intérêt que si j'étais auteur), je crois que le meilleur commentaire demeure celui d'Ingannmic, à savoir l'émoticône "cool". Je m'explique.
Je ne donne pas de poids à l'argument des finales lourdes ; l'on ne peut toutefois s'empêcher d'associer à l'imparfait du subjonctif :
- l'arrière-goût d'étrangeté dû à sa rareté d'usage (que certains pourront éventuellement déplorer, et cela n'engage qu'eux, mais qui est avérée)
- (surtout) les connotations sociolinguistiques extrêmement marquantes qui en découlent.
Comment expliquer autrement que certaines personnes du passé simple (notamment les deux premières du pluriel) soient beaucoup plus connotées (voire porteuses d'une connotation carrément plus signifiante que leur dénotation même) que les autres ? Comment expliquer aussi que certains verbes soient défectifs justement de ces formes, temps et personnes ? Cela ne peut certes être justifié ni par leur sonorité ni par leur graphie (l'accent circonflexe).
Autant donc s'interroger, par conséquent, non sur la "correction" de la syntaxe mais sur la sociolinguistique... Et, quelle que soit sa décision finale, tout bon traducteur se doit de se poser cette dernière question d'abord et surtout. Sachons donc comprendre que la traductrice a voulu rendre là l'équivalent de quelque chose de précieux, sans aucun doute un registre élevé, peut-être une surabondance relative de racines latines plutôt que germaniques dans le texte, qui sait quoi d'autre... [ Cool ] Wink Peut-être aussi, comme l'indique la note ci-dessus, voulait-elle surtout se démarquer de la précédente traduction.
Plusieurs germanisants français de ces dernières années semblent bien engagés dans cette voie (j'en donnerai peut-être un exemple précis dans une note à venir), surtout par dépit contre le "romantisme" des traducteurs de l'allemand d'avant-guerre, mais parfois avec une outrance dans leur dépit que je trouve nuisible au texte et pernicieuse pour le lecteur.
En tout cas, il est évident qu'une retraduction est toujours une histoire beaucoup plus compliquée qu'une première traduction...
_________________
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Auteur    Message
Orchidoclaste



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Posté: Jeu 02 Mai 2013 21:28
MessageSujet du message:
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« C-Maupin » a écrit:
Je crois que Hesse écrivait en allemand.
J'ai fait une recherche sur la toile et il me semble bien que la dernière traduction est d'Alexandra Cade.


Je viens de vérifier, j'ai lu la version traduite par Juliette Pary, version datant de 1947.

Je ne sais pas si elle diffère beaucoup de celle que vous citez, vous semblez plus éclairés que moi sur le sujet... Rolling Eyes
_________________
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Auteur    Message
Swann




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Messages: 2640


Posté: Jeu 02 Mai 2013 22:10
MessageSujet du message:
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« apo » a écrit:
Je ne donne pas de poids à l'argument des finales lourdes ; l'on ne peut toutefois s'empêcher d'associer à l'imparfait du subjonctif :
- l'arrière-goût d'étrangeté dû à sa rareté d'usage (que certains pourront éventuellement déplorer, et cela n'engage qu'eux, mais qui est avérée)
- (surtout) les connotations sociolinguistiques extrêmement marquantes qui en découlent.
Comment expliquer autrement que certaines personnes du passé simple (notamment les deux premières du pluriel) soient beaucoup plus connotées (voire porteuses d'une connotation carrément plus signifiante que leur dénotation même) que les autres ? Comment expliquer aussi que certains verbes soient défectifs justement de ces formes, temps et personnes ? Cela ne peut certes être justifié ni par leur sonorité ni par leur graphie (l'accent circonflexe).
Autant donc s'interroger, par conséquent, non sur la "correction" de la syntaxe mais sur la sociolinguistique... Et, quelle que soit sa décision finale, tout bon traducteur se doit de se poser cette dernière question d'abord et surtout. Sachons donc comprendre que la traductrice a voulu rendre là l'équivalent de quelque chose de précieux, sans aucun doute un registre élevé, peut-être une surabondance relative de racines latines plutôt que germaniques dans le texte, qui sait quoi d'autre...

Je partage complètement ton point de vue sur la traduction des tournures grammaticales et de la formule correcte ou relâchée.
De même, il peut être plus courtois de faire intentionnellement une faute en demandant "Do you want some cup of tea ?"...
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Auteur    Message
apo



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Posté: Ven 03 Mai 2013 9:51
MessageSujet du message:
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« Swann » a écrit:
faire intentionnellement une faute en demandant "Do you want some cup of tea ?"...


Merci amie Swann.
... Et dans ce cas-là comme dans d'autres, est-on encore fondé à la qualifier de "faute" ?
Pour ma part, je prête au locuteur - cette entité collective mais aucunement abstraite qui transperce la langue qui la traverse - une profonde intelligence, qui dépasse considérablement la pédanterie d'un grammairien rond-de-cuir (ou la cuistrerie d'un instit binoclard) qui hélas peuvent parfois faire des adeptes même parmi les meilleurs d'entre nous...

[Pardon à Orchidoclaste pour ne pas lui avoir reconnu la paternité (ou maternité ?) de l'émoticône "cool" très bienvenue.]

La question est maintenant de savoir si la version d'Alexandra Cade conserve autant d'imparfaits du subjonctif. Quelqu'un y répondra-t-il ?
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Auteur    Message
Brujula




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Posté: Dim 26 Mai 2013 19:35
MessageSujet du message:
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« Swann » a écrit:

De même, il peut être plus courtois de faire intentionnellement une faute en demandant "Do you want some cup of tea ?"...


là, pour le coup, c'est carrément bizarre, et ça ne fait pas anglais du tout... Si je voulais être très polie en anglais, je demanderais "Would you like some tea" ou mieux "Would you like a cup of tea"

(je ne vois pas comment on peut associer some à une quantité définie, c'est comme si on demandait "veux-tu un peu d'une tasse de thé")
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Auteur    Message
Swann




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Messages: 2640


Posté: Lun 27 Mai 2013 19:12
MessageSujet du message:
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« Brujula » a écrit:
« Swann » a écrit:

De même, il peut être plus courtois de faire intentionnellement une faute en demandant "Do you want some cup of tea ?"...


là, pour le coup, c'est carrément bizarre, et ça ne fait pas anglais du tout... Si je voulais être très polie en anglais, je demanderais "Would you like some tea" ou mieux "Would you like a cup of tea"

(je ne vois pas comment on peut associer some à une quantité définie, c'est comme si on demandait "veux-tu un peu d'une tasse de thé")

Oui, oui, au temps pour moi, je voulais dire "some tea".
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