[Sisco. 1, Ne tirez que sur ordre ! | Benoît Chaumont ; Thomas Legrain]
Si Legrain sait dessiner la dentelle des bas autofixants des secrétaires, jarretière au rabais en haut des bas donc, Benec au scénario ne sait pas faire aussi finement dans la dentelle. Son histoire de tueur à gages émargeant à l’Elysée accumule les massifs poncifs du genre et ne tient pas l’attention du lecteur au-delà des ébats du personnel administratif troussé à la hussarde dans les toilettes par le susnommé Sico, un Corse taiseux, même de son nom. Dès les premières pages de l’album, il a pour mission de dissuader et/ou de dessouder Monsieur Saint-Servan qui doit faire part à une journaliste, Léa Dalmont, de révélations pouvant déstabiliser le Président de la République. Sur ordre secret, de sang-froid et sans état d’âme, Sisco bute le vertueux Saint-Servan. Tout serait pour le vieux dans le meilleur de l’immonde, une balle dans le buffet et fissa si le nettoyeur de vitre, à l’extérieur, sur sa nacelle, n’avait opportunément vu et filmé avec son téléphone portable la mort du notable. Toute l’histoire va consister à rattraper le laveur fuyard et son film explosif mais de rivalités internes en foirades grandeur nature, le pauvre ouvrier du bâtiment sera capturé, torturé et froidement abattu alors que son film sera remis en main propre à la journaliste dans une course relais comme un passage de témoin dans un parc public, la nuit, sous la pluie. On tremble à l’idée de ce qui pourrait arriver par la suite.
Les dialogues pseudo-virils tombent tous à plat et l’empathie n’est guère de mise pour toutes ces pauvres cloches sans une once d’humanité. Sisco a le charisme d’un mérou en rut. Son associé Legoff, moins bogosse que Sisco le gros calibre, sert de faire-valoir. Le rival à la brigade de la sûreté, Verrat, n’a rien des attributs porcins habituels mais Sisco est sa bête noire ou inversement. Quand Verrat reprend les manettes sur ordre du big boss, Sisco veut lui « faire bouffer son flingue », tudieu ! Bref, le lecteur souque ferme pour ne pas patauger dans la mare au nanar et arriver intact au terme de l’album. On aimerait tant y croire mais franchement, un laveur, opportunément placé derrière la vitre où tout se joue, sortant son portable pour filmer la tuerie, prenant la fuite et cherchant à contacter la même journaliste que l’assassiné, soit le monde est petit, soit l’histoire est cousue de fil blanc. Pourtant, le dessin soigné, la mise en couleur réussie et les cadrages dynamiques dans Paris intra muros recèlent un potentiel prometteur. Soyons sport, attendons la suite !
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