Deux histoires, se déroulant à deux époques différentes, s’entrecroisent : celles de Nour et celle de Lalla. Nour est un nomade du désert qui est adolescent en 1910. Il suit, à travers le désert, le scheik Ma el Aïnine qui se révolte contre les colonisateurs français. Mais l’histoire principale est celle de Lalla, une orpheline vivant dans un bidonville marocain. Lalla est une fille un peu spéciale, qui se sent très proche de la nature, qui vit et ressent les choses de manière plus intense que les autres.
J’ai un avis très mitigé sur ce livre, ayant beaucoup aimé certains aspects, alors que d’autres m’on vraiment énervés.
Ce que j’ai aimé : la très grande poésie de ce livre. Les descriptions du désert, de la nature, du mode de vie de Nour et de la vie intérieure de Lalla sont incroyablement belles, très évocatrices. Le Clézio parvient réellement à nous faire voyager, et à nous faire ressentir les choses comme eux. Ces descriptions font rêver, font découvrir un autre monde, et j’ai adoré les lire.
En revanche, je n’ai pas du tout (mais alors pas du tout) adhéré aux idées qui sous-tendent l’histoire. La vision de la vie et des hommes de Le Clézio me paraît très naïve, voir carrément niaise. J’avais l’impression de me retrouver dans une illustration du mythe du bon sauvage de JJ Rousseau ! Non, je ne crois pas que tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil. Je ne crois pas que la majorité des gens qui vivent dans la misère parviennent à avoir une riche vie intérieure. Je ne crois pas que la majorité des voleurs sont des victimes de la vie, foncièrement bons et honnêtes au plus profond d’eux-mêmes. Bref, je n’ai pas une vision aussi optimiste de la nature humaine. Le monde dans lequel je vis me fait croire le contraire.
Ce livre déborde de bons sentiments et est terriblement "politiquement correct" (aaah, les méchants colonisateurs, et oooh, les bons sauvages). Bien évidemment, la colonistaion est indéfendable - loin de moi tout idée autre! - mais c'est une critique si facile et consensuelle. Et qui peut nier que mêmes dans les pays non colonisés, la culture occidentale a attiré des peuples qui ont renoncés à leur mode de vie originel? Oui, il y a un gros problème, mais je ne suis pas sûre que la colonisation soit seule coupable. Je crois plutôt que le problème c'est justement la nature humaine; il y a très peu d'hommes qui ont la chance de ressembler à Nour ou Lalla...
Au final, difficile de donner une note à ce livre. Une note moyenne ne reflète pas mon ressenti ; il faudrait deux notes séparées et contradictoires en fait.
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