Comment résumer ce livre… Dans l’immortalité, Milan Kundera réfléchit sur le rapport au corps, la force du geste, notre place dans le monde, notre rapport à l’immortalité, justement, et tant d’autres choses encore. C’est un roman, comme on le voit en suivant la vie d’Agnès, Paul et Laura, mais aussi la construction du roman lui-même, avec les interventions de Kundera qui nous raconte le cheminement de sa pensée. « Cheminement », le mot est mal choisi, je m’en excuse. L’immortalité ne suit justement pas de chemin tracé de façon linéaire, et pour autant on ne peut pas dire qu’il soit décousu. Les situations qui sont prétextes à la réflexion sont très différentes les unes des autres, on passe d’Agnès à Rubens sans oublier Goethe, et finalement tout fait sens. « Tout est dans tout et réciproquement », comme on dit ; c’est un proverbe humoristique, mais pour une fois il est à prendre au sérieux et s’applique à cette œuvre. L’immortalité va au-delà de la fiction, au-delà de l’essai, c’est une sorte de produit hybride, une vraie « création littéraire ».
C’est une lecture surprenante, que je vous conseille. J’ai particulièrement apprécié les passages où Kundera analyse le rapport des personnages à l’amour et la façon qu’a par exemple Bettina d’aimer non pas Goethe mais elle-même dans son état de femme amoureuse, ou encore ceux où il réfléchit au rapport de Beethoven à l’immortalité. Il nous montre à de multiples reprises que beaucoup d’entre nous sont en représentation, dans leur propre contemplation, et non pas dans « l’être ».
Une dernière petite chose : je pense que ce livre doit pouvoir être compris de bien des façons, il est possible que vous n’en ayez pas du tout la même impression et que vous n’ayez pas été frappés par les mêmes choses. C’est ça qui est intéressant et qui prouve que l’œuvre est riche.
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