Cet écrivain me rend muette et lente à lire, plus lente que ce que je dis.
Forcément le souffle, sans demander d'avis, se suspend au point du coeur comme le balancier du coucou, devant ça :
"Autant que je m'en souvienne, je n'ai aucune syllabe alors à me mettre sous la dent. L'air seulement m'emplit, la vivacité du feuillage, les hardiesses du vent. Jusqu'à sept ans, au lieu de parler, je babille, grogne, arpente la sente nue de la phrase non encore frayée, imite le bruit noueux de la barrière du jardinet qu'on lève, rabaisse, les cris des mules qu'on chausse pour aborder le parquet que ma mère, en bonne maîtresse de maison, astique férocement chaque samedi jusqu'à l'éternité."
On peut, d'un seul tour sur soi, se décider à vivre assez pour lire tout de lui, à la cadence d'un an un livre.
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