J'ai terminé ce roman il n'y a pas si longtemps (environ deux à trois semaines), mais le souvenir que j'en garde est déjà vague...
Il faut dire que même pendant ma lecture, j'ai trouvé ce récit sinon confus, du moins difficile à "cerner". D'ailleurs, le personnage principal -et narrateur- de "La place de l'étoile" peut lui-même être qualifié d'impalpable...

Raphaël Schlemilovitch est juif. Hanté par les horreurs de la guerre, il relate, dans l'Europe des années 40 et cinquante, les tribulations qui le mènent de situations cocasses en aventures parfois périlleuses, la distinction entre faits réels et ceux issus de son imagination étant souvent difficile.
Ce faisant, il endosse de multiples identités : juif collabo, écrivain, étudiant génial, émigré en Israël, membre d'un réseau de traite des blanches, tour à tour victime et bourreau... le lecteur a de quoi s'y perdre !

Les incohérences chronologiques flagrantes, la célébrité des personnages qu'il a censément rencontrés (de Maurice Sachs à Marcel Proust, en passant par Brasillach ou Eva Braun...) démontrent cependant que Raphaël ne se soucie guère de la crédibilité de son récit.
Inconvenant, paillard, tantôt cynique, tantôt amoureux, mais toujours, semble-t-il, profondément malheureux, il joue sur le registre de l'absurde, de l'extrême caricature, pour dénoncer l'ineptie qui consiste à considérer les individus en fonction de leur appartenance raciale ou religieuse.

Récit halluciné, schizophrénique, je crois avoir compris que "La place de l'étoile" est entre autres un roman sur la difficulté à se construire une identité propre, qui ne vous soit pas imposée par le regard d'autrui.
Mais j'imagine que sa complexité en fait un roman propice aux interprétations multiples...
Je l'ai personnellement trouvé assez déroutant, et parfois même un peu fastidieux.
Sans doute peut-on dire qu'il s'agit là d'une première œuvre ambitieuse, mais qui ne me marquera certainement pas comme l'a fait "Dora Bruder", par exemple.