[Dantès. T. 2, Six années en enfer | Pierre Boisserie, Philippe Guillaume, Erik Juszezak]

Au gala du millénaire de la finance, Christopher Dantès et Sarah prennent contact avec les responsables de la chute du trader Alexandre. La journaliste Lucie Mondran est présente aussi. Elle avait couvert l’affaire de la BGCI à l’époque, flairant les zones d’ombre au point d’être inquiétée. Son appartement fut retourné puis elle se fit renvoyer de son journal séance tenante. Entre temps, le jeune trader a été inculpé pour « malversations, détournement de fonds, délit d’initié et pour finir homicide volontaire ». La banque a brûlé « accidentellement ». Alexandre va plonger pour 22 ans. Il est incarcéré. Sa mère est effondrée et croit à la faute de son fils, le culpabilisant maladroitement au passage. Thierry Minez, l’ami d’enfance d’Alexandre en profite pour approcher Marion, la fiancée éplorée. Fort benoîtement et bien à propos, il lui remet des clichés compromettant Alexandre nu dans les bras de Sylvie Fontaine, du cabinet de conseil et d’audit Fontaine Partners. Cette dernière lui avait promis son silence et l’arrangement des comptes truqués en échange d’une partie fine. Bien malgré lui, Alexandre a fini par céder avec l’espoir naïf de sortir la tête hors de l’eau. Bien mal lui prit car la dame jouait sur l’échiquier du mal. Dans la cellule, Alexandre est en compagnie de Gabriel, chercheur en informatique, concepteur d’un logiciel espion redoutable, écopant de quinze ans de prison sous le prétexte fallacieux d’espionnage industriel. Après deux ans de prison, Alexandre apprend le décès de sa mère et la disparition de sa sœur handicapée. Révolté par l’iniquité de sa situation, il accepte la proposition de Gabriel consistant à s’évader. La mise en place du stratagème va être compliquée mais Gabriel possède de solides appuis à l’extérieur. Alexandre fera une terrible chute, explosant son visage au sol. Il parvient toutefois à se faire la belle. Gabriel est resté à l’hôpital de la prison. Il est à l’article de la mort.
Dans la lancée du premier volume, le second tome embraye dans l’exacte continuité du précédent opus, ne laissant aucun temps mort entre la succession des épisodes, du procès à l’enfermement puis à l’évasion. Les rapports entre les personnages se complexifient à mesure que l’histoire se déploie. Gabriel n’est pas un bon samaritain bien qu’il porte le prénom d’un ange. Pourtant, il souffle un peu d’espoir dans la vie bornée d’Alexandre. La linéarité apparente de la trame narrative ne fait que renforcer le dédale labyrinthique dans lequel circulent en aveugle les protagonistes, les uns, libres, s’abîmant dans des plaisirs viciés, les autres, entre quatre murs, rêvant de vengeance à l’arrière-goût frelaté. Alexandre semble être manipulé sans répit alors qu’il croit user de son libre-arbitre. La moralité est à géométrie variable. Toujours aussi plaisant à suivre, le dessin de Erik Juszezak colle bien à l’histoire très intelligemment ourdie. Avec cette série, on se situe d’emblée cent coudées au-dessous du tout-venant à la sauce Largo Winch. De la belle ouvrage tendue sur un admirable châssis de paranoïa !

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