[Enfant 44 | Tom Rob Smith, France Camus-Pichon (Traducteur)]
"Le tueur continuerait d'agir, protégé non par une intelligence supérieure mais par le refus de son pays d'admettre l'existence d'individus comme lui, ce qui lui garantissait une impunité totale."
Ce qui fait le charme de ce polar soviétique c'est l'aspect soviétique du roman. L'aspect polar est un peu moins convaincant (grosses ficelles, pathos, amnésie, modus operandi sensé évoquer quelque chose, chute un peu simpliste, etc.).
Mais comme l'enquête à proprement parler n'est pas vraiment le sujet principal, mais plus un fil conducteur, ce petit défaut ne nuit pas à un roman par ailleurs bien sympa.
Leo est officier au MGB, la police politique qui traque les ennemis de l'intérieur. C'est la Russie Soviétique, en 1953.
A l'occasion d'un interrogatoire où, comme souvent, on fabrique un coupable en le forçant, sous la torture, à avouer des crimes imaginaires et dénoncer des complices pour procéder à d'autres arrestations, Leo réalise que tout ceci n'est qu'une fumisterie...et comme ses supérieurs s'en rendent un peu compte, ils le mettent à l'épreuve en lui demandant de surveiller sa femme, elle aussi soupçonnée d'être une ennemie de la révolution...et comme Léo refuse de reconnaitre la culpabilité de sa femme, il est exilé au fin fonds de l'Oural.
Là, Leo enquête sur une série de meurtres sauvages mais cette enquête est bien difficile puisque le régime n'admet pas l'existence du crime et des criminels et ne veut donc pas qu'on enquête sur une série de meurtres...ce qui reviendrait à admettre que tout n'est pas parfait dans le système soviétique. Donc chaque meurtre a été imputé à un déviant qui a été exécuté (homosexuel, attardé mental...) et on ne peut pas rouvrir l'enquête, çà serait reconnaitre que le régime s'est trompé, ce qui ne peut pas arriver.
Leo va donc passer beaucoup de temps à éviter les embuches du régime, craindre pour sa vie et celle de ses proches et finalement débusquer le tueur...mais comme dit en intro, ce n'est pas la partie la plus maitrisée du récit.
Au fil de la lecture, impossible de ne pas s'interroger sur la véracité des faits, sur l'obstination du régime à nier l'évidence et à créer une vérité alternative pour justifier ses actions.
"Les preuves ou leur absence n'étaient pas un critère pertinent"
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