Qui aime bien châtie bien. Mouais.... Le journaliste canadien Robitaille,correspondant à Paris depuis....des lustres du journal québécois "La presse", semble bien placé pour ausculter au plus près notre "sacré pays" et ses farouches irréductibles. Car pour lui ces impossibles français sont tous plus ou moins à rééduquer.Certes pas dans un camp de travail nord-coréen, mais dans le merveilleux Disneyland de la mondialisation heureuse qui sévit dans tous les cerveaux des journalistes sortis du moule. Oui nous sommes des méditérranéens honteux, oui les grêves sont nombreuses en France et parfois totalement injustifiées,oui nos sportifs sont rarement fiables-on échoue toujours en vue du podium- oui nous sommes bourrés de contradictions,à la fois terriblement individualistes et terriblement "Liberté Egalité Fraternité ". D'ailleurs le porte-voie de la "Belle province" nous reconnaît un certain talent pour les exploits inutiles et gratuits, spécialité française s'il en fut.... Une traversé de l'Atlantique à la rame, une conquête du pôle nord en solo,une traversée sur un fil du Niagara....Et là on a envie de lui dire :" Mais Monsieur c'est justement pour cela que la France est unique ! et c'est pour cela que je l'aime mon pays ! " Car dans quel autre pays quelques centaines de personnes totalement passionnées par leur sujet pourraient se mettre à construire un château fort du XIIe siècle avec les méthodes de l'époque sans passer pour fous ? C'est à Gadelon dans l'Yonne. Mais je m'égare, je m'égare....revenons à nos idées reçues.Et là-dessus Robitaille est fort. Ainsi dans notre beau pays de France il paraît que l'on mange très bien, il ne tarit pas d'éloges sur les petits restos popus où l'on peut se sustenter pour pas cher dans une sacrée bonne ambiance conviviale. Là j'ai envie de lui dire :"Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé dans un "routier" ? depuis combien de temps n'as-tu pas quitté le VIe arrondissement ? ". Robitaille vois la France et les français depuis son bureau parisien et c'est là où le bât blesse. Je ne me suis pas reconnu dans ses portraits si convenus de français inconsistants et versatiles. Certes le propos est parfois jouissif, le trait porte ; ainsi lorsqu'il pointe l'adulation que les "français" portent aux écrivains américains (Philip Roth notamment....) et qu'il torpille nos "auto-fictionneurs" inconsistants. Là on ne peut (je parle pour moi...) qu'approuver ! mais là-aussi il semble embrayer sur la vague soulevée par cet universitaire (ou journaliste ? ) américain, dont j'ai oublié le nom et le livre, qui faisait le triste constat de la disparition de la culture française dans le monde. Un monde "mondialisé", et surtout américanisé bien entendu.....

Malgré tout (un reste d'éducation chrétienne...), ce livre peut être lu avec un certain plaisir, certes un plaisir entâché de masochisme (que n'avons nous à subir de remontrances du prêtre Robitaille...), mais il n'égalera jamais certains brûlots anglo-saxons (anglais surtout...) qui n'hésitent pas à montrer la France , et les français donc ! comme des erreurs de la volonté divine, ou tout du moins, comme un brouillon que Dieu aurait jeté avant de créer ce monde parfait qu'est le monde anglo-saxon, libéral et tellement "moderne" !

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Cher amiread,

Ta note m'a fait marrer. C'est vrai que les routiers ne sont plus des restaurants sympas et j'ai la nostalgie tenace des cafés populaires où les mets savoureux et roboratifs glissaient sur les nappes cirées et ceci pour quelques piécettes tirées de l'escarcelle. J'ai habité le Perche normand au début des années 1980. Mortagne-au-Perche, Bellême, Nogent-le-Rotrou constituaient un triangle magique comme il en existait une multitude partout ailleurs en France. Les nazes qui nous jugent, surtout quand ils sont assujettis à la p... Albion, me laissent rêveur. S'ils viennent chez nous pour nous disséquer, qu'ils aient au moins la politesse d'essuyer leurs préjugés sur le paillasson de leur arrogance avant d'entrer dans le vif des sujets. Je préfère sans comparaison l'Anglais Graham Robb et son "Histoire buissonnière de la France", parcourant 22 500 kilomètres à vélo, écumant durant quatre ans les bibliothèques de l'hexagone et m'apprenant mille choses sur le quotidien des Français depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours. Une mine fraternelle !

Bien à toi.

Franz

Hello Franz. Merci de ta réactivité ! je n'en veux pas vraiment à ce pauvre Robitaille ; en plus il aime la France (il le dit ). Bon c'est vrai qu'ils disent tous la même chose.... C'est surtout ce côté : "LES français sont... LES français pensent.... LES français ont...." quoi de plus énervant que d'être amalgamé à la masse ! et l'individu "français" alors ? Ceci dit ce genre de livre ne mérite peut-être pas tant d'attentions ; mais c'est vrai que l'on aime toujours bien connaître ce que les AUTRES pensent de nous.

Ainsi tu connais ce "triangle magique" percheron si aimé des bobos parisiens de nos jours ! (en un certain sens je ne cracherai pas tout mon fiel sur ces expats du quartier latin, du VIe, du Bd Saint-Germain, car ils ont au moins réactivé le pays, rénové des longères, et fait parler du pays aux infos de JP Pernaut....) ; je suis né dans ce triangle. Je l'ai parcouru depuis ma tendre enfance à pied , en voiture, à cheval (oui à cheval ! ).
Il reste quelques lieux de sustentation malgré tout. La mode est aux "cafés de pays" ; rencontre improbable de jeux à gratter de la Française des jeux et de plats de trippes sorties du congel.....

Je note le livre de Graham Robb ; je suis friand de ces récits.
Je te souhaite une bonne soirée et un bon WE nimois.

Eh bien, en voilà une nouvelle ! Nos chemins se sont maintes fois croisés. Les bobos sont arrivés sur le tard dans le Perche. Avec la construction du TGV, ils ont suivi le mouv. J'ai déserté les lieux avant qu'ils ne viennent tout faucher. Je les ai retrouvé plus tard sur l'île de Ré puis à Uzès, lieux devenus infréquentables depuis que le Parisien à béret bleu tutoie l'autochtone sur le marché. Je préfère arpenter les solitudes du Larzac où je n'étais pas plus tard que tout à l'heure. J'ai tenté d'approcher le plateau du Guilhaumard, cet appendice fabuleux du grand causse mais les routes depuis Le Caylar étaient impraticables. Sans carte ni boussole, j'ai alors opté pour une randonnée improvisée, du Caylar à La Couvertoirade. Ce ne fut que pur bonheur, la langue au vent, navigant entre les averses de neige et le plein soleil, surprenant les chevreuils à la dérobée, découvrant des chaos ruiniformes non cartographiés. Je n'ai pas perdu au change même si la baie du Mont-Saint-Michel et les falaises d'Etretat me manquent parfois. On ne se refait pas. On continue.

Amitiés.

Franz