[Apprendre à lire - Des sciences cognitives à la salle de classe | Stanislas Dehaene]

Dans leur introduction, les auteurs indiquent : « … Nous avons écrit ce livre avec un objectif bien précis : que les connaissances scientifiques sur les neurosciences cognitives de la lecture soient diffusées et mises en pratique dans les écoles... Les enseignants sont les premiers experts de la dynamique de la salle de classe, mais ils doivent aussi devenir experts de la dynamique cérébrale... »
J'avoue avoir été d'abord déconcerté. J'ai l'habitude, lorsque des résultats de travaux universitaires sont présentés, de les voir discutés. (L'éducation donnée par mes parents et mes enseignants a eu pour effet que, tout juste bachelier, j'avais déjà perdu l'illusion de pouvoir organiser ma vie en fonction de vérités indiscutables et définitives.) Mais, comme il est écrit dans l'introduction : « … Dans les pages qui suivent, nous tentons ... de présenter, sous une forme concise, claire et pédagogique, les plus importantes découvertes sur le cerveau du jeune lecteur... », c'est sans doute la recherche de la concision et de la clarté qui explique la forme péremptoire de l'exposé et le fait que les subdivisions de la première partie du livre soient suivies de brefs résumés intitulés « A retenir », dont on pourrait citer, comme résumé des résumés :
° Le cerveau du bébé est déjà organisé pour traiter la parole.
° Apprendre à lire recycle une région précise du cerveau de l'enfant.
° Cette région fait partie des aires visuelles qui servent initialement à reconnaître les objets et les visages.
° L'apprentissage systématique des correspondances graphèmes-phonèmes accélère l'apprentissage.
° La pratique du geste d'écriture accélère l'apprentissage de la lecture.
° L'automatisation de la lecture est indispensable pour libérer l'attention et la mémoire de travail.
° La dyslexie est une anomalie neurobiologique précoce, souvent d'origine génétique.
° Il faut toujours exclure une surdité ou un déficit visuel avant de parler de dyslexie.
° Les retards de lecture sont fréquents en milieu défavorisé, à cause de réelles difficultés dans l'apprentissage du code phonologique.
Une seconde partie du livre dresse « … une liste des principes éducatifs qui, lorsqu'ils sont systématiquement appliqués, facilitent la découverte de la lecture, comme l'ont montré des dizaines d'études expérimentales... » Ce sont :
° L'enseignement explicite du code alphabétique
° Une progression rationnelle
° L'association des activités de lecture et d'écriture
° Faciliter l'automatisation rapide de la lecture
° Un choix rationnel des exemples et des exercices
° La recherche de l'engagement actif, de l'attention de l'enfant et de son plaisir
° L'adaptation permanente au niveau de l'enfant
Comme l'indiquent les auteurs : « ...Ces idées n'ont rien de révolutionnaire, et bien des enseignants les jugeront naturelles... »
La troisième partie du livre développe une idée qui m'est chère depuis très longtemps : « … Le concept d'expérimentation est l'une des plus belles idées que les scientifiques peuvent apporter à l'éducation... Chaque réforme, avant son introduction, devrait... faire l'objet de discussions et d'expérimentations aussi rigoureuses que s'il s'agissait d'un nouveau médicament... »
De fait, les auteurs ont tenté une expérimentation à laquelle ont participé près de 1 800 élèves de cours préparatoire, mais dont ils indiquent : « ...ces résultats restaient très inférieurs à nos attentes... » Ils en recherchent les causes, notent des résultats plus probants, par exemple en Grande-Bretagne, et concluent : « … Des sciences cognitives à la salle de classe, il ne reste qu'un petit pas à franchir. »

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