L'héroïne d'"Histoire d'Omaya" est une jeune fille vulnérable, bousculée par la brutalité des hommes.
Dans ce récit abrupt, pressant, constitué de phrases qui s'entrechoquent, dans un enchaînement a priori sans cohérence, Nancy Huston ne s'attache pas à dépeindre des faits. Pour rendre compte de l'agression -un viol- dont Omaya a été victime, elle préfère s'attarder sur les retentissements profonds, intimes, de l'acte sur sa psychologie, et son comportement. Elle nous fait ainsi ressentir à quel point cette agression est plus qu'une atteinte physique à la personne : elle est aussi et surtout une atteinte à son intégrité morale, qui conduit Omaya à une déstructuration de sa conscience d'elle-même et de sa perception du réel.
Le lecteur est plongé dans une sorte de fantasmagorie de l'horreur issue de l'esprit perturbé d'Omaya, composée de bribes de scènes vécues, déformées ou complètement imaginées. Cette femme, rongée par la peur, des autres, de vivre, en bref, de tout, n'aspire qu'à une chose : la reconnaissance de la violence qu'elle a subie, de son statut de victime. La négation de son supplice, parce qu'elle n'est pas digne de foi, parce qu'elle a toujours été un peu différente -un peu fantasque, excentrique-, lui est insupportable. Elle représente une béance, un vide dans lequel elle ne trouve pas la place d'exister, de se reconstruire.
Les mots, les phrases d'"Histoire d'Omaya" sont porteurs de la détresse de l'héroïne. Nancy Huston parvient à nous imprégner de son mal-être non pas en le décrivant, mais en le faisant s'exprimer, avec brutalité, avec une force et une émotion qui vous serrent la gorge...
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