Un grand émerveillement que ce livre. En le refermant, j'étais si enthousiaste que j'ai convaincu mon compagnon de le commencer à la minute même. J'ai déjà réfléchi à tous les amis à qui je vais le prêter, à commencer par celle dont une amie proche a un enfant très lourdement handicapé. Je sais déjà que je vais le relire ensuite. Bref, j'ai tellement aimé ce livre que j'en devient prosélyte!

Dans cet essai (ou roman, ou journal, comment le qualifier?), l'auteur parle de ses deux fils handicapés. Et il le fait avec un humour noir, cynique - et en même temps une infinie tendresse.

Fournier ose dire des choses pas évidentes à avouer, et on imagine la douleur de vivre de tels sentiments. Il dit que ce n'est pas toujours évident d'aimer et de supporter de tels enfants "pas comme les autres", qu'on culpabilise de se sentir incapable d'aimer "comme il faudrait", on a parfois honte, on est parfois jaloux des enfants des autres, on compare et on rêve de ce qu'on aurait pu partager avec des enfants "normaux".

Un langage en porte à faux avec le discours souvent entendu selon lequel les enfants handicapés apportent de très grandes joies aux parents, et que ces grandes joies sont simplement différentes de celles apportées par des enfants normaux. Probablement que certains parents ont la chance de le vivre sous cet angle - mais d'autres doivent ressentir ce que décrit Fournier (au moins par moments ou périodes).

Pourtant, je l'ai dit plus haut, une infinie tendresse se dégage de se livre. Ce livre ne critique nullement les deux fils. Jean-Louis Fournier se reproche plutôt à lui-même de ne pas se sentir à la hauteur. C'est honnête, courageux et touchant. Touchant, c'est le mot, car la lecture de ce livre m'a vraiment touchée (voir boulversée). Car comment ne pas avoir beaucoup d'empathie pour le désarroi de l'auteur? Et comment ne pas être émue par cet hommage à ses deux lutins (comme il les appelle)?

Et quel humour. J'ai reconnu là l'humour noir à la Desproges, que justement j'adore. Pas étonnant d'ailleurs, car Desproches et Fournier étaient de grands amis. Un humour noir qui donne lieu à des remarques et anecdotes savoureuses, mais qui fait sourire et non rire tant le sujet est grave.

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