- Que du fétichisme du pied... - supposeront certains qui n'y trouveraient pas grand-chose à discourir, même en cette saison d'orteils nouvellement exposés. Eh bien ! oui et non ; ou assez peu, plutôt vers la fin (ch. XVI, XVII, XVIII).
Le fait est que ce type d'essais de vulgarisation anglo-saxons, de lecture aisée au demeurant, se caractérise par la latitude du champ d'investigation, par le mérite de traiter le plus grand nombre de questions dont la méconnaissance fait ignorer le rapport avec le sujet, mais au détriment de toute démonstration, d'une hiérarchisation de pertinence, d'un plan clair, jusque du souci d'éviter redites et prolixités.
Le point d'attaque du livre est phylogénétique : il concerne les conséquences de l'accession à la bipédie humaine sur nombre de nouveaux caractères anatomiques érogènes - pas que les organes sexuels en position frontale. La métamorphose de l'organe de locomotion et de soutien du poids en équilibre précarisé se noue à la parution psychologique d'une "podosexualité" qui implique aussi des déformations/mutilations volontaires de celui-ci à des fins de séduction, surtout chez la femme, ayant pour apogée millénaire le "pied de lotus" chinois, mais dont l'étendue et la pérennité sont attestées par tout usage de bottes et chaussures. En effet celles-ci, si elles ne sont ni n'ont jamais été adaptées à la morphologie "naturelle" du pied [une révolution majeure s'opérerait-elle avec la diffusion massive des ballerines ? L'ouvrage, daté de la fin des années 70 dans son édition américaine, n'y répondra pas, hélas...], ont au contraire toujours eu pour vocation de le modifier (douloureusement) pour le rendre conforme aux critères de l'attraction sexuelle - notamment par les bouts pointus et les tallons hauts influant bien sûr aussi sur la démarche. D'autre part, la motivation des souliers, tels un quelconque habit, peut être comprise comme le rehaussement de la sensualité par la suggestion qu'entraîne le revêtement partiel, par l'occultation suggestive outre que par l'ornement.
Ainsi, les chaussures et le cuir ont-ils toujours été chargés d'une caractérisation érotisée (d'où une typologie de chaussures proposée, au-delà des modes qui ne changent qu'en apparence). Dans une telle optique, le fétichisme du pied, de la chaussure, du cuir dépasse à la fois l'exception (statistique) d'une perversion, et surtout l'inintelligibilité naïve et prude. Parallèlement et en conclusion, le "langage du pied" ainsi que tout autre aspect comportemental relevant de la pudeur historiquement liée au pied, y compris l'ambiguïté des relations avec leur odeur, nous renforcent dans la conviction que la distance physique entre pieds et cerveau est totalement trompeuse, car au contraire dans le psychique et le neurologique c'est bien d'un maximum de proximité qu'il est question : demandez à tous ceux qui, dans les cadres culturels et cultuels les plus divers, ont marché ou marchent sur les braises...
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