[Murena. T 5, La déesse noire | Jean Dufaux, Philippe Delaby]
En l’an 62 après Jésus-Christ, dans la Rome antique, Néron est empereur depuis qu'il a dix-sept ans. Il en a maintenant vingt-cinq. Ses rêves d’orgie virent au cauchemar et le laissent transis au réveil comme lorsque le gladiateur Massam distrait à demeure les patriciens, met à mort ses adversaires pour le plus grand plaisir des débauchés puis offre ses services virils à la belle Poppée. César subit les assauts progressifs de la folie mais pour l’heure, il se croit épaulé par les dieux et s’est engagé dans une course de chars au Circus Maximus. Il est sûr de vaincre car les concurrents sont aussi des courtisans hormis un char mené par une femme masquée.
« Qui se cache derrière ce masque rouge… qui ne respecte… pas même l’honneur des Césars ! » Néron est fou de rage et Poppée ne lésine pas afin d’attiser davantage sa colère. Elle lui apprend que son ancienne favorite, Acté, est maintenant dans les bras de Lucius Murena, son ami. Néron, impulsif et cruel, saura réagir en conséquence.
Le deuxième cycle de Murena est entamé de belle manière. La fluidité de l’histoire ne muselle nullement la complexité des rapports humains et la fiction s’intègre remarquablement à l’histoire de Rome. Agrippine, la mère, cruelle et sans scrupule, n’est plus mais Poppée, la favorite, est bien là, particulièrement fielleuse et venimeuse. Elle tire les ficelles dans l’ombre et ne craint pas d’affronter Néron. Son ascendant est redoutable. La folie guette l’empereur. Elle est suggérée par des touches habiles. Les seconds couteaux prennent place et ils ne sont pas en reste à l’image du retors conseiller de Néron, Tigellin ou de l’esclave Arsilia, toute dévouée à sa maîtresse, Poppée. L’ancien gladiateur, Balba, revient dans la course, relance l’intrigue en ranimant le spectre de Britannicus. Le dessin de Delaby est une réussite graphique. Sa mise en page est rythmée, intelligente, élégante à l’exemple de la course de chars. Le travail sur les drapés, les bijoux ou les coiffures crédibilisent encore davantage une reconstitution historique visuellement convaincante. La mise en couleur de Jérémy Petiqueux respecte le trait ciselé du dessinateur tout en conférant à l’ensemble des ambiances en accord avec le déroulement de l’histoire. Les créateurs de la série semblent être au sommet de leurs talents conjugués.
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