Un polar d'Ake Edwardson, c'est d'abord une ambiance, une ville (Göteborg), des personnages (les flics de Göteborg, le criminel, les témoins clés, les familles de ces derniers), des vies, des tranches de vie.
On prends son temps avec le déroulement de l'histoire, on laisse bien le temps au climat de s'installer et le crime n'est découvert qu'au tiers du roman.
Le crime est atroce mais il n'est jamais décrit frontalement, seulement suggéré : dans les yeux du meurtrier, ceux de la police.
On suit plusieurs personnages qui vont mal et qui pourraient tous être le meurtrier...Ambiance, ambiance.
Jusqu'à 40 pages avant la fin, ce roman est super mais malheureusement, la fin est décevante et pour un polar, çà ne pardonne pas, çà laisse un goût d'inachevé.
En fait, l'enquête s'enlise, elle dure six mois et la police piétine, n'aboutit pas...sauf que l'auteur n'a pas voulu finir sur un échec, un cul de sac, comme le fait David Peace dans 1974 et 1977, il a choisi de donner une chute capilotractée et une justification facile et vaine.
Je pardonne ce petit défaut à l'auteur car en contrepartie, son style narratif est inimitable, en caricaturant, on pourrait y voir un croisement entre Elisabeth George (pour l'analyse psychologique et profonde des personnages), Ed McBain et Pers Walhöö (pour le côté procédure policière et travail d'équipe).
Bref, on ne lit pas un Edwardson comme un Mankell, un Nesbo, un Staalsen...c'est ce qui est bien avec les auteurs scandinaves, ils ont chacun leur univers de papier.
Extrait (en Espagne, Costa del Sol) :
"Un taureau haut de vingt mètres se dressait au sommet d'un tas de gravier. D'énormes complexes hôteliers avaient été construits tout autour, certains ressemblaient à de folles imitations du temple de Lhassa. La route longea soudain un petit désert en attente d'une exploitation future. Il y avait des panneaux partout. Un bouquet de palmiers ramassait la poussière sous le soleil dur. Winter vit des vautours tournoyer au dessus d'un masse informe, peut-être un âne mort. Les immeubles à gauche de l'autoroute semblaient avoir été précipités en vrac du haut de la montagne. Les villas des Scandinaves poussaient sur les pentes ravineuses comme des métastases."
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre