Martin Beck partage avec Kurt Wallander, Varg Voeum et Harry Hole (héros respectifs de Mankell, Staalsen et Hole) une certaine tendance à la déprime. Est-ce le paysage, la nourriture ou le climat qui rendent les policiers scandinaves si moroses?
A moins que çà ne soit le constat de la faillite du modèle social scandinave (un argument massue annoncé sur les quatrième de couv de l'ensemble des romans policiers scandinaves!)...
Difficile de se faire une idée mais en tout état de cause, le mal ne date pas d'hier puisque les aventures du commissaire Beck se passent dans les années 60.
Dans ce quatrième opus de la série (qui en compte 6), les vacances de Beck dans l'archipel de Stockholm sont interrompues par un mission urgente qui l'envoie enquêter à Budapest sur la disparition d'un compatriote.
Au charme de la découverte de la Suède des années 60 s'ajoute donc celui de la découverte de la Hongrie de la même époque, le plus libéral des "pays de l'Est" soviétiques.
Une enquête assez passive puisque les preuves viennent au flic plutôt que l'inverse. Un style procédurier inimitable, avec comme point d'orgue la description détaillée du contenu de la valise du disparu : une chemise à carreaux gris et blancs, un tube de pâte dentifrice de marque Vademecum, deux caleçons à carreaux vert et blanc...ou encore la reprise textuelle des rapports de police.
Sjowall et Wahlöö ont défini les codes d'écriture du polar contemporain comme l'a fait Ed McBain aux Etats-Unis à la même époque.
Même s'il se déroule à une époque révolue, le roman n'a pas mal vieilli, l'enquête un peu lente n'en demeure pas moins palpitante, l'écriture est belle, la violence suggérée sans abus ni effusions d'hémoglobine...
Un classique à (re)découvrir.
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