Je viens de vivre une curieuse expérience…
Celle de lire un roman avec lequel je me suis sentie totalement en décalage, ayant à l'esprit l'idée d'un autre roman que je m'étais imaginé.
Je m’explique : suite aux avis qui m'ont donné envie de découvrir "La confrérie des mutilés", de Brian Evenson, j’avais cru comprendre qu’il s’agissait d’un polar ou tout au moins d’un roman noir.
Ce roman est effectivement plutôt sombre, mais pas exactement dans le sens où je le pensais.
Il est d'ailleurs difficile de classer ce récit, qui oscille entre ouvrage de science-fiction et fable macabre.
Dans un style froid, exempt de toute émotion ou digression inutile, l'auteur nous raconte l’histoire de Kline, sur le compte duquel on ne saura quasiment rien, hormis le fait qu’il vient d'acquérir une certaine célébrité en neutralisant "L'homme au hachoir". Ce qui transforme cet événement en exploit, c'est que pour le réaliser, Kline n’a pas hésité à se trancher lui-même la main avant de la cautériser sur un réchaud, afin de tirer ensuite une balle dans l’œil de l’homme avec sa main restante.
Cette attitude, qui révèle un sang-froid peu commun, incite deux étranges individus à le contacter et à lui présenter une non moins étrange requête. Il s'agit d’infiltrer une secte dont la particularité des adeptes est de pratiquer l'auto-mutilation, le nec plus ultra étant de se priver du maximum de membres possible... de l'objectif de cette infiltration, les deux acolytes ne veulent dans un premier temps rien dévoiler à Kline. Ce dernier, après de compréhensibles réticences, finit par accepter la mission.
Pendant une bonne partie de ma lecture, j'ai attendu que le récit bascule dans une histoire plus crédible, que des explications soient données sur la genèse de cette secte, le passé des personnages, jusqu'à ce que je finisse par admettre que je m'étais complètement fourvoyée, et que ce roman ne serait jamais celui que j'espérais...
Attitude sans doute stupide, puisque je dois bien avouer que j'ai du coup le sentiment d'être passée à côté des probables qualités de cette "Confrérie des mutilés"...
Je ne suis pas parvenue, notamment, à en apprécier le ton absurde, l'humour macabre, qui de mon point de vue donne aux scènes sanglantes du roman -dont l'auteur est loin d'être avare- un aspect plus comique qu'effrayant.
Cette première rencontre avec Brian Evenson fut, pour résumer, un rendez-vous manqué...
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