[La Mort des bois - Grand Prix de la Littérature Policière 1997 | Brigitte Aubert]
Il faut bien le reconnaître : Brigitte Aubert a trouvé, pour entretenir la tension de son récit, et exacerber le sentiment d’angoisse que l’on ressent à sa lecture, une très bonne idée : elle a choisi de faire de sa narratrice une jeune femme tétraplégique, aveugle et muette. Élise Andrioli est immobilisée dans son fauteuil roulant suite à l’explosion d’une bombe qui, presque un an auparavant, a tué son compagnon, et l’a elle-même grièvement blessée.
Elle est par conséquent entièrement dépendante d’Yvette, sa dame de compagnie. Un jour qu’Élise attend cette dernière à l’entrée du magasin où elle fait quelques courses, elle est abordée par Virginie, sept ans, qui entame une conversation, bien entendu à sens unique. Les propos de la fillette sont étranges et particulièrement inquiétants : elle aurait été témoin de meurtres d’enfants, perpétré par « La mort des bois »…
Le lecteur se retrouve finalement entièrement dépendant des supputations d’Élise pour imaginer l’apparence de ses interlocuteurs, et se représenter l’environnement qui l’entoure.
Ce qui est intéressant, c’est que l’héroïne, disposant de tout son temps pour réfléchir, et écouter -car curieusement, son état incite les personnes qui l’entourent à se confier à elle-, enchaîne les hypothèses concernant l’identité de cette mystérieuse mort des bois. Elle nous entraîne ainsi sur quelques fausses pistes au gré de ses intuitions.
De plus, la vulnérabilité d’Élise, son isolement d’un monde avec lequel elle ne peut communiquer, donne à l’auteure l’occasion d’imaginer quelques scènes oppressantes à souhait.
Jusque-là, donc, rien à dire, « La mort des bois » m’apparaissait comme un polar efficace, suffisamment intrigant pour me mettre en haleine… malheureusement, cette bonne impression a été gâchée à environ 80 pages de la fin, à partir du moment où l’identité et le mobile du coupable me sont apparus clairement. Et ce qui m’a gênée encore davantage, c’est qu’ensuite, tout s’emboîte trop facilement, avec l’apparition providentielle (et pas vraiment crédible à mon avis) d’un personnage grâce auquel toutes les pièces du puzzle se mettent miraculeusement en place…
C’est dommage, parce qu’en dépit de cette fin que j’ai personnellement trouvée bâclée et sans réelle surprise, Brigitte Aubert démontre avec « La mort des bois » qu’elle est capable de faire preuve d’une certaine originalité dans le choix de son intrigue.
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