[Tour du monde épicurien des vins insolites | Ricardo Uztarroz, Claude Gilois]
Lecture déconseillée aux adolescents, aux atrabilaires, aux acariâtres, aux ronchons, aux grincheux, aux rancuniers et, surtout, aux procéduriers ; et conseillée aux jeunes et vieux heureux de vivre, aux désinvoltes, aux bons vivants, aux gastronomes, aux buveurs et aux femmes, pour qu'elles comprennent mieux la psychologie masculine.
C'est sur ces recommandations que s'ouvre ce très beau récit de voyage aux côtés d'un journaliste globe-trotteur (Uztarroz) et d'un importateur de vins étrangers (Gilois) métier difficile en France, pays très conservateur en matière de terroir, où il est souvent difficile de faire admettre que la France n'a pas le monopole de la production de bons vins.
Ces deux compagnons, soixantenaires et épicuriens en diable emmènent le lecteur dans un voyage vers des terroirs viticoles méconnus. On n'est pas dans une pesante monographie sur le vin et chaque étape est un prétexte à une découverte culturelle, politique, géographique et historique autour du vin, mais pas que.
L'on va donc des caves de Massandra en Crimée à des chais japonais, thaïlandais, cubains avant de descendre la panaméricaine décrite par les auteurs comme la plus grande route des vins du monde.
Un très beau voyage, raconté avec brio par ces deux routards sympathiques à la langue pendue, à la gorge profonde et à la plume acérée.
Yalta partage le privilège triste, avec Munich et Canossa, d'avoir donné son nom à un concept politique peu glorieux.
La Thaïlande, qui fut le plus grand lupanar militaire du monde (pendant la guerre du Vietnam), a réussi, sous le regard bienveillant de son prude monarque, une étonnante reconversion de son industrie du sexe. Le touriste y a remplacé le GI.
Les circonstances ne sont jamais étrangères à la qualité d'un vin.
Le vin a eu un rôle crucial dans l'alimentation humaine, n'en déplaise aux ligues antialcooliques; il a eu un mérite historique identique, en tant que boisson, à celui que l'on reconnait à la pomme de terre en tant qu'aliment-qui mit fin aux disettes endémiques en Europe. On attend encore l'historien qui saura lui rendre justice.
On découvre ainsi l'absurde manie des collectionneurs de vins. Un amateur de peinture peut s'émouvoir sans limites en admirant ses tableaux; le bibliophile peut caresser jusqu'à satiété la couverture de ses livres. Mais quelle jouissance peut éprouver un collectionneur de vins? (l'auteur fait référence aux collectionneurs qui engrangent de beaux flacons qu'ils ne veulent pas boire, juste pour le plaisir des yeux).
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