Jane Charlotte est une femme portant sur les épaules un passé de gamine rebelle et d'adolescente marginale. Elle est enfermée en prison pour avoir commis un homicide, et soumise à une expertise psychiatrique. Des incohérences et des symptômes résident dans sa reconstruction des faits qui indiquent une possible manie de persécution. Ce qu’elle raconte semble, en effet, sortir directement d'un film d'espionnage.
Nombreux sont les paradoxes et les faits que le psychiatre lui conteste, en faisant allusion à la possibilité que Jane ne soient pas complètement saine d’esprit.
C’est sur ce doute que se développe une bonne partie du roman, construit sur une écriture très cinématique (la comparaison avec Matrix pour certaines séquences est évidente) et sur des inspirations vraiment intéressantes (surtout le Panopticon, une sorte de Grand Frère qui installe des micro-espions dans les yeux des modèles dans les affiches publicitaires et, même, des présidents sur les billets de banque ; Philip Dick approuverait).
Jane est sincère, menteuse ou simplement folle ?
Le Bad Monkeys existe ou est-ce une projection de ses psychoses ?
C’est vraiment quand l'histoire arrive à la conclusion que tout se complique. Ruff jette dans la mêlée un nombre considérable de coups de scène, qui se succède dans une alternance paroxystique de révélations et de démentis.
Nous voyons émerger ici des thématiques chères à un certain type de littérature et de cinéma, comme le double jeu, la trahison, la confusion de rôles qui ne permet plus de distinguer de manière claire qui sont les bons et qui sont les mauvais.
Tout se produit cependant de manière un peu trop rapide et chaotique, sans donner le temps au lecteur de métaboliser tout ce qu’il lit, de réarranger les idées en vue de ce qui adviendra par après.
Et c’est bien dommage, car la qualité de l'écriture est très bonne, et le début du roman était vraiment prometteur, avec une histoire qui aurait pu sortir de la plume du déjà cité Dick, ou d'une pellicule de Cronenberg, et auquel un dosage plus mesuré des coups de scène aurait sûrement profité. Le marasme conclusif redimensionne un peu le tout, avec le résultat que Bad monkeys est un roman à mon avis discret, mais qui laisse en bouche la saveur d'une occasion manquée.
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