Historique de notre rapport à l'écrit (et donc à la lecture), à partir de l'aouvre de Hugues de Saint Victor, période charnière où l'on passe à une autre utilisation de l'écrit, au détriment de la mémoire, mais en insérant une technique efficace de repérage qui permet de ne plus apprendre à utiliser la mémoire.
Cinquième livre de la compilation : "Ivan Illich, Oeuvres complètes volume 2"
Sans doute le livre le plus "poétique" d'Illich (parmi ceux que j'ai lus jusqu'ici!). Il retrace avec finesse le rapport de l'homme et de l'alphabet, apporte comme d'habitude des connaissances historiques précieuses qui permettent de voir une évolution dont on nous a jamais parlé (parce qu'oubliée), et permet de comprendre les enjeux du choix de l'efficacité. C'est un livre que j'ai lu à voix haute, et c'était bien venu! J'ai pris beaucoup de plaisir à en formuler les mots et à m'entendre le lire. Sans être d'une beauté phénoménale - peut-être est-ce une période que je traverse? - j'ai trouvé que la manière dont Illich traite le sujet méritait une approche spéciale, et j'en ai retiré beaucoup de joie.
Au-delà de mes émotions, ce livre, construit en 7 parties, est moins incisif que les autres, moins critique, et pourtant très documenté, il prend l'histoire sans mordre, à chacun de voir ce qu'il peut en faire. Je ne savais pas qu'Illich pouvait faire ça!
Cependant, au regard de ses autres écrits on devine bien ce que ça signifie : en misant sur l'efficacité (techniques de classement, ponctuation, chapitrage, paragraphage...) on a perdu une capacité mémorielle importante, au point qu'aujourd'hui on ne nous apprend pas à mémoriser. Il y a tout un chapitre sur la mémoire (les cathédrales de la mémoire!!! c'est bôôôô) qui m'a époustouflé.
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