Si les toiles de l'artiste suisse Félix Vallotton (1865-1925), graveur sur bois et peintre post-impressionniste, frappent par leur style avant-gardiste et leurs couleurs profondes, son unique roman,
La Vie meurtrière, publié pour la première fois de manière posthume en 1927, est lui, au contraire, de facture classique, et imprégné d'une inquiétante noirceur.
Jacques Verdier, critique d'art de vingt-huit ans, s'est suicidé à son domicile, à Paris. Il a laissé à l'attention du commissaire qui constatera les faits une courte lettre et un pli. Dans ce pli, un manuscrit au titre intrigant,
Un amour, récit-confession de sa vie. Car Jacques Verdier était persuadé de porter en lui un "fatal pouvoir", une malédiction qui condamnait à mort ses proches. Et en effet, bien malgré lui, le défunt semble avoir provoqué depuis sa plus tendre enfance d'épouvantables événements : crises cardiaques, chutes, empoisonnements, brûlures... les accidents mortels se sont multipliés autour de lui jusqu'à ce que la question lancinante de sa propre responsabilité l'accule à envisager une solution radicale. Jacques portait-il en lui, comme il le croyait, un "principe de mort" ?
L'histoire de cet homme persuadé de porter à lui un "principe de mort" est angoissante et aurait pu être terrifiante et tragique. Hélas ! Le style froid, guindé, assez laborieux par moment, place le lecteur à distance du récit. De plus le héros s'avère assez méprisable. Il est veule, larmoyant, d'un égoïsme tel qu'il s'indigne et s'apitoie uniquement sur son propre sort, ce qui empêche le lecteur d'éprouver une quelconque empathie pour lui. Enfin, la fin du roman paraît bâclée, inachevée, et est assez décevante.
le cri du lézard
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