[Fleurs - Le grand roman de l'érotisme floral | Philippe Sollers]
Trop érudit, Sollers, pour s'encombrer d'écrire un essai sur un thème, ou pour respecter un minimum la convention d'un quelconque plan...
Ceci n'est donc pas un "grand roman", ni un essai, et ceux qui y chercheraient l'érotisme floral y seraient déçus ; tout comme ceux qui espèreraient apprendre quelque chose sur le botaniste Gérard Van Spaendonck (1746-1822), évoqué dans le prologue et nommé, histoire de dire qu'on ne l'a pas oublié, dans la dernière phrase d'excipit. Seule consolation à son sujet : les nombreuses reproductions de ses merveilleuses planches florales, particulièrement de ses tulipes.
Ceci est donc un florilège floral, avec quelques détours didactiques (plutôt ennuyeux). Une interprétation très personnelle, succincte, toujours insuffisamment développée pour être compréhensible ou convaincante est donnée de citations de fleurs tirées des auteurs et oeuvres suivants : Joyce, le Cantique des cantiques, le Roman de la rose, Dante, Angelus Silesius, Ronsard, Shakespeare, La Bruyère, Voltaire, Rousseau, Omar Khayam, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Proust, Colette, Genet, Ponge, Beckett.
Avec cela, il faut admettre que la démarche, la qualité des cit. dont le mérite va uniquement aux illustres écrivains, ainsi que certaines remarques heureuses de l'auteur m'ont interdit de suspendre la lecture en chemin, bien que l'envie ait été forte, surtout dans mon irritation devant l'outrancière immodestie de Sollers témoignée ci-dessous :
"Après avoir constaté honnêtement qu'aucun ordinateur n'aurait pu fournir la pertinente variété des citations de ce livre (
Fleurs, publié en français au début du vingt et unième siècle), il restera à se demander
qui aura été capable, à quel moment, et pourquoi, de composer un tel florilège." (p. 66)
Encore une fois, force est de constater que la qualité d'un ouvrage n'est pas assurée par son auteur (condition insuffisante), mais par le labeur de celui-ci (condition nécessaire)... Ou en d'autres termes : il y a un abîme entre la mécanique stochastique de l'ordinateur et le grand oeuvre de l'artiste romantique inspiré, lequel s'appelle le travail de l'honnête artisan.
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