Je n'avais encore jamais lu ce premier livre publié d'Albert Camus. C'est émouvant quand on connait Camus de trouver ici en gestation les thèmes de son oeuvre romanesque et philosphique, de l'Etranger à la Chute, du Mythe de Sisyphe au Premier homme. Le dernier petit texte qui donne son nom au recueil est particulièrement touchant :
"Qui suis-je et que puis-je faire, sinon entrer dans le jeu des feuillages et de la lumière ? Être ce rayon où ma cigarette se consume, cette douceur et cette passion discrète qui respire dans l'air. Si j'essaie de m'atteindre, c'est tout au fond de cette lumière. Et si je tente de comprendre et de savourer cette délicate saveur qui livre le secret du monde, c'est moi-même que je retrouve au fond de l'univers. Moi-même, c'est-à-dire cette extrême émotion qui me délivre du décor."
Une philosophie du sensible et du rapport fragile et pourtant passionné que l'on a avec le monde que l'on retrouve aussi chez Edgar Morin, avec qui j'éprouve à peu près la même connivence qu'avec Albert Camus.
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