Ce livre est pour moi une sorte de météore dans la galaxie des livres. Un peu comme le furent "La Conjuration des imbeciles" de J. K. Toole, "Mars" de Zorn ou "Le pavillon d'or" de Mishima. Comme ces 3 livres, "Le seigneur des porcheries" nous conte la révolte d'un jeune homme (ici il s'agit presque d'un jeune garçon) en butte au conservatisme borné et imbécile de la société qui l'entoure, ici les "trolls" (terme que le traducteur, assez curieusement, a préféré à "pecnaud" - mais l'effet est réussi !) d'une petite ville de la "Corn Belt" aux Etats-Unis, ces colons dont la distraction principale consiste à se bourrer la gueule; ou encore les "harpies" méthodistes, ces fausses dévotes qui n'assistent les mourants que pour leur soutirer leur héritage. La révolte de John sera à la hauteur de l'affront qu'il a subit au sortir de l'enfance. L'auteur nous raconte cette histoire avec un tel talent qu'elle en prend une dimension épique qui fait parfois songer au superbe roman de Vargas Llosa "La guerre de la fin du monde". J'adore les qualificatifs dont l'auteur use pour désigner les catégories d'habitants : outre les "trolls" et "harpies" déjà cités, il y a les rats d'usine, les rats de rivières, les "citrons", les "hessiens" et quelques autres encore. Le regard sur cette société du fin fond des Etats-Unis est implacable et tellement jubilatoire. John Kaltenbrunner est entré dans mon panthéon des personnages de romans inoubliables.
Edit : En cliquant sur le lien Wikipedia, je viens d'apprendre que Tristan Egolf s'est donné la mort en 2005. Les comparaisons que je faisais au début de cette note n'en sont que plus fondées, hélas.
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