[Tex. Spécial n° 11, L'Ultime frontière | Gianluigi Bonelli ; Aurelio Galleppini]
Excellent Tex ! La couverture du Spécial Tex n° 11 en dit déjà long. Réalisée par Goran Parlov, elle rappelle le grand Hugo Pratt, maître du dessin aquarellé. D’ailleurs, l’aventure de Tex lui est dédiée. L’ultime frontière est une histoire classique avec un méchant presque archétypal. Jésus Zane est un métis que sa condition d’exclu a rendu haineux. Les jésuites n’ont fait que saigner davantage le cœur de Jésus Zane. Adolescent fou de rage, il poignarde à mort un missionnaire et s’enfuit. Sa vie de hors-la-loi ne l’empêche pas ensuite de prospérer, avec une bande d’Indiens dévoués, dans le commerce illégal des armes et de l’alcool. En terres canadiennes, le Haut Saskatchewan est vaste, sauvage et difficile d’accès. Comment retrouver Zane et l’empêcher de nuire ? Brandon, le colonel des tuniques rouges, gravement blessé par le démoniaque Jésus, fait appel au ranger texan, Tex Willer, accompagné de Kit Carson et de Gros Jean. La traque méthodique va commencer et une course contre la montre s’engage car Zane a kidnappé Sheewa, ravissante Indienne mariée à Nat. Zane, Sheewa et Nat étaient amis lorsqu’ils étaient à l’orphelinat tenu par les jésuites. Puis Zane s’est trouvé évincé mais les années n’ont pas corrodé son amour pour Sheewa. Il décide d’éliminer Nat et de conquérir par la force Sheewa. Peine perdue, la jeune femme se refuse à lui. Nat va-t-il réussir à délivrer sa femme et à s’échapper du camp indien ? Tex et ses amis arriveront-ils à temps pour éviter le drame ? L’histoire est pathétique. La souffrance de Zane est presque palpable.
Histoire conventionnelle mais redoutablement efficace tant la narration est rythmée et sans temps mort ! On cavale avec la camarde aux trousses. Le dessin de Goran Parlov est une vraie réussite. Le trait est dynamique, précis, élégant. Certaines planches sont d’une grande beauté que le format de la bande dessinée ne restitue toutefois pas complètement à leur juste valeur mais on peut être soufflé par la virtuosité du dessin et la mise en page. La confrontation entre Tex et Zane est un des moments forts du récit et, pour paraphraser André Breton parlant du dessin d’André Masson, la main de Goran Parlov s’aile. Malgré la tragédie qui s’ourdit, on ressent beaucoup de plaisir à la lecture. Décidément, l’éditeur Clair de lune a su prendre des risques pour continuer à faire vivre un héros attachant qu’il serait dommage de méconnaître. Il faudrait simplement que l’éditeur éradique les quelques coquilles qui plombent parfois la lecture. Il est nécessaire d’écrire en français dans le Tex.
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