[Le pouvoir nu, propos sur la guerre et la paix | Albert Einstein]
Il est très commun d’avoir eu vent des opinions politiques – pacifistes, supranationalistes, humanistes (socialistes ?) – du savant le plus célèbre de l’Histoire.
Ce recueil très complet de fragments divers permet néanmoins de décliner les propos politiques anti-militaristes de cet homme extraordinaire dans leur considérable évolution, entre 1918 et 1955. Cette évolution a pu parfois erronément paraître comme un revirement (ex. sur la question de l’arme atomique ou sur l’admonestation aux scientifiques de ne pas collaborer avec le pouvoir), alors que parfois elle l’a été réellement (ex. sur l’objection de conscience, sur l’Allemagne et surtout sur les Etats-Unis et leurs politiques stratégiques respectives, y compris le réarmement allemand post-1945 et le maccarthysme, en partie aussi sur Israël, me semble-t-il, sauf que son décès interrompt justement un message demandé par le consul israélien). Dans les traits invariables de sa pensée comme dans les variations, on retrouve un homme : faillible – un certain nombre de ses prédictions et de ses craintes se sont avérées fausses –, courageux et très engagé dans la cité et auprès de ses illustres contemporains – Sigmund Freud, Bertrand Russell, Niels Bohr, Maxime Gorki, la reine mère Elisabeth de Belgique, etc. –, inquiet et gêné par une aura de légende ni recherchée ni considérée comme méritée, mais ne renonçant pas pour autant à la prise de parole publique pour dénoncer « le pouvoir nu », pour défendre la liberté de pensée et pour tirer la sonnette d’alarme face à toute les catastrophes historiques qu’il lui fut donné de vivre.
En conclusion, j’offre ma petite citation habituelle mettant en exergue le caractère intemporel d’une pensée suffisamment aiguë :
« Le profond respect que j’éprouvais autrefois pour les pays politiquement évolués a, lui aussi, bien diminué, depuis que j’ai pris conscience que tous sont livrés à des oligarchies qui contrôlent la presse, tiennent les rênes du pouvoir et n’agissent que selon leur bon vouloir. Sans faire de mauvais esprit, on peu aujourd’hui modifier le vieil adage et dire « Vox populi, vox idiotie ». » (p. 14) – cela, cher(e)s ami(e)s, fut écrit le 2 août 1915 !
PS : si l’on s’interroge sur ma note plutôt basse, ma raison réside dans le désagrément de la lecture de fragments très courts, nécessairement répétitifs, relativement hors contexte et peu développés, et non dans les contenus.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]