Un bon bouquin de Thierry Jonquet qui m'a tenu en haleine du début à la fin (que j'aurais crue plus "trash" ). Tout part de la découverte de meurtres horribles commis sur des enfants enchaînés dans un pavillon de banlieue promis à la rénovation immobilière des années 90. De là vous découvrirez l'âme noire des maffieux roumains qui font commerce d'enfants comme d'autres de chiens, l'avidité au gain des revendeurs, brocs et autres intermédiaires louches,la malignité d'un peintre célèbre (j'ai pensé à Balthus...), et aussi des âmes nobles bléssées par la vie, des flics et des juges dotés d'humour et de bon sens.
Jonquet mène tout cela tambour battant avec une maestria certaine ; ses personnages sont crédibles même si parfois ils frôlent la caricature façon feuilleton "PJ Saint-Martin" vu à la TV . Et l'auteur excelle à situer l'action dans les décors glauques du Paris promis à la disparition , les vieux pavillons des années 30, les "puces" de Montreuil et de Clignancourt, la rue de Belleville, tout cela faisant écho à une grande banlieue "seine et marnaise" sinistre et mitée par les zones pavillonaires. Bref, un grand Paris que n'aurait pas renié le grand Léo Malet.
Enfin, passant outre la narration même, le propos de Thierry Jonquet est peut-être d'abord d'ordre social et politique ; Moloch c'est le Dieu païen à l'appétit d'enfants insatiable , c'est le Dieu à l'appétit inassouvit encore aujourd'hui... Une "histoire" dans l'histoire conforte le propos ; la destruction consciente d'une petite fille par sa mère qui , malade elle-même, manipule médecins et infirmières jusqu'à mettre la vie de sa fille en danger...
Finalement c'est à une vision très noire de l'humanité que nous convie Jonquet, même si le livre finit en relatif "Happy end", mais après tout le genre "polar" n'est pas destiné à prendre le relais de la "bibliothèque rose" sur nos étagères, pour cela il y a la collection Harlequin !
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