Début des années 90 à Bougainville, dans les îles Salomon. Un soulèvement révolutionnaire motivé par les dégâts écologiques que provoque l’exploitation des mines de cuivre a entraîné la fermeture de ces dernières. Cette victoire galvanise les troupes rebelles qui depuis longtemps ont des visées séparatistes, et l’armée gouvernementale (de Papouasie Nouvelle Guinée, à laquelle l’île a été intégrée en 1975) investit Bougainville afin d’y rétablir l’ordre.
C’est là que vit Matilda, 12 ans, dans un modeste village de pêcheurs. Le blocus imposé par le gouvernement isole son village du monde mais peu importe, la nature est assez généreuse pour les nourrir… et en ce qui concerne les nourritures de l’esprit, c’est Bel-Œil qui propose de s’en charger. Bel Œil –qui se nomme en réalité Mr Watts- est un blanc qui a épousé une femme du village, et qui, en dépit des tensions et des dangers liés au conflit, est resté. Il s’improvise comme maître d’école, avec pour seul manuel « Les grandes espérances » de Charles Dickens, qu’il va lire aux enfants. Ceux-ci, n’ayant jamais quitté leur île, mènent une vie simple, dénuée du confort moderne, et sont fascinés par l’histoire de l’orphelin Pip, qui tente de survivre dans le Londres du XIXème siècle…
Matilda, la narratrice, nous livre un récit au style extrêmement simple. Peut-être un peu trop d’ailleurs : j’ai parfois trouvé qu’il manquait d’émotion, et qu’il souffrait de quelques longueurs. Mais dans l’ensemble, ce roman m’a plu, d’une part parce qu’il se déroule dans un environnement qui m’est totalement inconnu, et d’autre part, parce qu’il traite d’un thème cher à tous lecteurs : l’amour de la lecture, l’attachement que l’on peut éprouver pour les personnages de romans, la fascination qu’éveille en nous certaines histoires, et les points communs que l’on se cherche avec les héros de ces histoires. L’auteur semble rendre un hommage à la littérature, qui permet à la fois de s’ouvrir sur le monde, et de mieux se connaître soi-même.
C’est aussi un roman sur l’acceptation des différences, sur les apports mutuels que peuvent s’offrir des personnes issues de cultures dissemblables, si tant est qu’elles acceptent de dépasser ce qui les sépare.
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