[La Hulotte. 92, Le journal de la reine des frelons | Pierre Déom]
On croyait trouver la suite des aventures de Tonton Griffon, le vautour fauve, dans le numéro 92 de l’« irrégulomadaire » La Hulotte et on découvre le journal de la reine des frelons. D’abord dubitatif, le lecteur que le sujet inspire moins, découvre progressivement la stratégie de survie d’un insecte craint et honni, une vie inévitablement passionnante à suivre car Pierre Déom est un magicien. Il tient le fil de la plume avec la virtuosité de l’ouvrier autodidacte maniant ses biseaux et ses rabots comme des prolongements naturels de son esprit et de sa main. L’auteur a su affiner sa manière avec un regard scrutateur qu’aiguise un savoir scientifique mâtiné d’une curiosité incessante et d’un amour inconditionnel pour le monde vivant. On ne peut qu’adhérer tant le décorticage de l’insecte hyménoptère nanti de ses deux paires d’ailes membraneuses et brillantes démonte une mécanique biologique remarquable, voire époustouflante. Comment la larve frelon sait-elle tapisser sa cellule de soie isolante en se contorsionnant, ceci afin de conserver une température stable de 29° indispensable à son développement ? Des mystères sont levés, d’autres demeurent mais la lecture de La Hulotte est une source d’enrichissement et d’émerveillement. Au passage, quelques légendes sautent tels des bouchons sous la pression et c’est champagne pour les frelons ! Ainsi, « le frelon n’attaque jamais l’homme » sauf si on s’approche à moins de cinq mètres d’un nid. Contrairement aux guêpes, le frelon ne vient pas rôder autour des pique-niques en quête de nourriture sucrée et carnée. Enfin, « le venin de frelon n’est pas plus dangereux que celui de la première abeille venue. » On apprend aussi à distinguer le frelon d’Europe du frelon asiatique qui fait tache dans tout le sud-ouest de la France. La « petite encyclopédie des bois et des champs » cumule déjà des milliers de pages fouillées, précises, amusantes et concentre un savoir scientifique inestimable. Plus de 9 000 dessins à la plume d’une finesse éblouissante donnent des ailes à la lecture. Indubitablement, La Hulotte est une des œuvres majeures du patrimoine de l’humanité.
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